Transformer l’or pour renforcer les réserves monétaires

Publié le 1 décembre 2008 Lecture : 4 minutes.

Engagé dans une option de valorisation de l’important potentiel minier que possède le pays, le gouvernement camerounais annonce un projet de renforcement ses réserves d’or monétaires à la banque centrale, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). « Le Cameroun n’a presque pas de réserves d’or monétaires, alors qu’il produit de l’or. Tout ce qu’il y a comme réserves, c’est que le FMI a rétrocédé à tous les pays membres », a déclaré Paul Ntep Gweth, directeur du Cadre d’appui et de promotion de l’artisanat minier (CAPAM). Pourtant, d’après lui, la production de ce pays d’Afrique centrale « est estimée à 100 kilos d’or par mois dans le cadre de la petite mine ». Ce minerai, précise-t-il, y est exploité depuis 1933, notamment dans la région de l’Est, qui passe pour la plus riche en ressources minières. Depuis le début, l’activité s’est surtout opérée dans un cadre informel par les populations elles-mêmes ou clandestin par des trafiquants. « Des clandestins sont installés dans les sites. Ils sont bien enracinés », révèle Ntep Gweth. A travers le Cadre d’appui et de promotion de l’artisanat minier (créé en 2003 et en cours de transformation en CAPAM), le ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique met en oeuvre depuis trois ans un programme intitulé « Appui et organisation de l’artisanat minier camerounais ». D’un financement global de 11, 098 milliards de francs CFA ( environ 250 millions de dollars), ce programme concerne 28 sites pilotes, répartis dans six régions du pays. Il a notamment pour but d’assurer la transformation de l’or issu de l’artisanat minier pour le canaliser dans le circuit formel en lingots, en essayant de se conformer aux standards du marché international. En juin dernier, le ministre en charge des Mines, Badel Ndanga Ndinga, rapportait dans CAPAM News que près de 50 kilos d’or ont été canalisés en 2006. A court terme, l’objectif est d’atteindre une production de 200 à 300 kilos d’ici à 2010. Spécifiquement, de l’avis de son directeur, le CAPAM a mis en place, avec l’aide de partenaires coréens, un système de mécanisation qui « produit à peu près 10 kilos d’or par mois, dans le cadre de l’activité d’exploitation minière de sauvetage ». Pour les autorités camerounaises, explique Ntep Gweth, le projet de renforcement des réserves d’or monétaires à la BEAC vise, d’une part, à améliorer les droits des tirages spéciaux du pays. « On va tirer beaucoup plus d’argent pour le Cameroun, soutient- il, car le tirage d’argent repose sur la production des devises et en particulier l’or qui, de plus en plus, du fait des perturbations du dollar et du pétrole, sa valeur sa valeur de stabilité monétaire ». D’autre part, cette initiative envisagée devra permettre d’assurer la stabilité économique du pays et le pouvoir d’emprunt. « C’est un impératif. A titre de comparaison, le franc de l’Afrique de l’Ouest pèse plus que celui de l’Afrique centrale parce que la BCEAO (ndlr : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a des réserves monétaires, alors que la BEAC n’en a pas », souligne Ntep Gweth. « L’une des faiblesses des pays en développement se manifeste par l’insuffisance de réserves en devises et en or. Ce qui limite leur accès au crédit international. Le Cameroun n’échappe pas à cette réalité », a remarqué Joseph Marie Eloundou, journaliste de sensibilité économique, consultant du CAPAM. Cet organisme, agence d’exécution du ministère en charge des Mines, a entrepris des négociations avec la BEAC en vue de définir la stratégie du gouvernement camerounais de faire de son or un instrument stratégique devant contribuer au développement national. « Nous voulons que la BEAC, qui est la banque centrale, s’implique dans ce projet. Les contacts pris montrent qu’elle peut s’impliquer de deux façons. La première possibilité, c’est l’achat direct de l’or produit au Cameroun par cette banque. Dans ce cas, cet or est en grande partie au bénéfice de tous les pays membres de la BEAC », décrit Ntep Gweth. Il affirme que cet intérêt est partagé majoritairement par les Etats membres de la banque, que sont le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine (RCA), le Tchad. Pour le directeur du CAPAM, la deuxième possibilité consiste au renforcement des réserves d’or monétaires du Cameroun par le BEAC. « Dans ce cas, le ministère chargé de la monnaie, c’est-à-dire le ministère des Finances, peut par exemple débloquer un milliard de francs CFA. Avec cet argent, le CAPAM pourrait canaliser 80 kilos d’or à garder à la BEAC pour le compte de l’Etat ». « Dans tous les deux cas, les avantages sont très importants », vante Ntep Gweth. Grosso modo, cette opération permettra de rendre le Cameroun crédible financièrement. Fin

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