À Paris, FMI et Banque mondiale sur la sellette dans leur forme actuelle

À l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, les contours d’une réforme des bailleurs internationaux, nés des accords de Bretton Woods, se dessinent. Explications.

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman (au c.) et le président sud-africain Cyril Ramaphosa (2e à dr.) lors du discours d’ouverture du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP.

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Publié le 23 juin 2023 Lecture : 3 minutes.

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Nouveau pacte financier mondial : bilan en demi-teinte pour le sommet de Paris

Une cinquantaine de chefs d’État, ainsi que des représentants d’institutions internationales et de la société civile ont participé au sommet qui s’est tenu à Paris les 22 et 23 juin. Ce qu’il faut en retenir.

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« C’est le moment, il va se passer quelque chose, ce sommet suscite beaucoup d’espoir. » Cette phrase, glissée par le Premier ministre d’un pays d’Afrique de l’Ouest en marge du sommet pour un nouveau pacte financier mondial, organisé à Paris les 22 et 23 juin, résume le sentiment partagé par beaucoup.

Alors que les pays du Sud doivent faire face à une avalanche de crises et leurs conséquences, une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, les représentants d’institutions financières internationales, mais aussi des acteurs du secteur privé et de la société civile, débattent autour des solutions à mettre en œuvre pour que les pays vulnérables n’aient pas à choisir entre la fin du mois et la fin du monde.

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« Un nouveau Bretton Woods »

Au premier rang de ces mesures, une réforme en profondeur des banques multilatérales de développement (BMD), Banque mondiale (BM) et Fonds monétaire international (FMI) en tête, parvient à rassembler un consensus de plus en plus large. Invité à s’exprimer lors de la cérémonie d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU a mis un coup de pied dans la fourmilière sous des applaudissements nourris.

« Il nous faut un nouveau Bretton Woods, a lancé António Guterres. L’architecture du système financier international a été bâtie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Trois quarts des États n’existaient pas encore. Quatre-vingts ans plus tard, le système est dépassé, dysfonctionnel et profondément injuste. Le système perpétue les inégalités ».

La réforme des institutions financières internationales est sur la table depuis la fin de 2022. L’objectif est à la fois d’améliorer leur gouvernance, en accordant notamment plus de place aux grands pays émergents, de renforcer leur efficacité et d’élargir leurs missions, en y intégrant plus clairement les questions de financement face au réchauffement climatique.

Augmenter les capacités de financement

« Il y a neuf mois, personne ne parlait de réforme des BMD, c’est déjà une grande avancée », s’est réjouie la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, avant de confier à Jeune Afrique, à l’issue de son discours, être convaincue que « d’ici à quelques mois, les institutions de Bretton Woods auront évolué ».

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Preuve que cette réforme est à l’agenda, le premier panel en plénière du sommet de Paris était consacré au sujet. « Il faut que la Banque mondiale soit plus rapide, plus efficace », a ainsi abondé Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor. Sans pour autant évoquer une refonte complète du système, elle a rappelé la décision d’augmenter les capacités de financement de la BM et des banques régionales de 5 milliards de dollars par an sur dix ans.

Au cours de cette même table ronde, Ajay Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, a « proposé d’offrir une pause aux pays vulnérables dans le remboursement de la dette, pour que les pays puissent se focaliser sur ce qui compte » et a évoqué la mise en place « d’assurances aux États pour des projets de développement ». Un premier pas vers une réforme.

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« On ne partira pas sans de vraies réformes »

Reste que les représentants de pays en développement craignent encore que ces promesses restent lettre morte. « Il ne faut pas continuer avec les incantations, il faut arrêter les grands discours et passer à l’action, a asséné Mohamed Bazoum, le président du Niger. Les rafistolages et les rustines ne sont plus de mise. » Dans la même veine, son homologue éthiopien, Abiy Ahmed, a prévenu : « Nous les Africains, on ne partira pas sans de vraies réformes. »

Pourtant, la probabilité semble faible que des annonces en ce sens soient faites dès le sommet de Paris. Les réformes seront plus vraisemblablement finalisées lors des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, en octobre, à Marrakech.

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