À Paris, le Sénégal engrange des milliards pour décarboner son économie

Le pays s’est engagé lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial à compter 40 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique à l’horizon 2030. Il sera aidé financièrement à hauteur de 2,5 milliards d’euros par la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada et l’Union européenne.

Le président du Sénégal, Macky Sall (à g.), et la ministre française des Affaires étrangers, Catherine Colonna (à dr), à Paris, lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. © Ludovic MARIN / POOL / AFP.

Publié le 22 juin 2023 Lecture : 3 minutes.

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Nouveau pacte financier mondial : bilan en demi-teinte pour le sommet de Paris

Une cinquantaine de chefs d’État, ainsi que des représentants d’institutions internationales et de la société civile ont participé au sommet qui s’est tenu à Paris les 22 et 23 juin. Ce qu’il faut en retenir.

Sommaire

Un groupe de pays riches et de banques de développement se sont engagés à mobiliser 2,5 milliards d’euros pour aider le Sénégal à réduire sa dépendance aux énergies fossiles, a annoncé ce 22 juin le président Macky Sall lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris.

« Le Sénégal s’est engagé à monter à 40 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2030 […] avec un financement de l’ordre de 2,5 milliards d’euros », a déclaré le président sénégalais, en annonçant ce « partenariat pour une transition énergétique équitable » (JETP) noué avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada et l’Union européenne.

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100 milliards de dollars de DTS réattribués

Le président français Emmanuel Macron, hôte de ce sommet prévu jusqu’à vendredi, a appelé à un « choc de financement public » face à la crise climatique et à la pauvreté, devant des chefs d’États et de gouvernements. Il a noté qu’il y avait « beaucoup d’argent » mais pas forcément au « service des progrès de la planète ». Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade, a reçu de nombreux applaudissements après avoir exigé une « transformation absolue » du système financier, et pas seulement « une réforme ».

L’objectif du sommet est de rénover en urgence l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du FMI et de la Banque mondiale. L’accès à leurs financements est jugé difficile par les pays en développement, alors que leurs besoins sont immenses pour affronter canicules, sécheresses et inondations, mais aussi pour sortir de la pauvreté tout en s’affranchissant des énergies fossiles et en préservant la nature.

« Un citoyen européen a perçu en moyenne près de 13 fois plus qu’un citoyen africain » en DTS

Le système, selon le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a « failli ». Les règles régissant l’allocation des fonds « sont devenues profondément immorales », estime-t-il : en 2021, « un citoyen européen a perçu en moyenne près de 13 fois plus qu’un citoyen africain » en droits de tirage spéciaux (DTS).

La communauté internationale s’est accordée en 2021 sur le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars, dont 33 milliards devaient revenir mécaniquement à l’Afrique, par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution de Washington. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a souhaité montrer que les choses avaient déjà bougé, en annonçant l’atteinte de réallocation aux pays pauvres de 100 milliards de dollars de DTS.

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Lula, Olaf Scholz, Jannet Yellen, MBS…

Les travaux au palais Brongniart, dans le centre de Paris, ne doivent pas déboucher sur des décisions concrètes, mais bénéficient du poids du parterre des invités : le président brésilien Lula da Silva sera présent, ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Pékin est représentée à ce sommet par son Premier ministre Li Qiang. Pour l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS) est présent.

Une vingtaine de dirigeants africains sont également là, dont plusieurs haussent le ton contre les pays riches, plus prompts à verser des milliards pour soutenir l’Ukraine en guerre.

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Rupture dans la succession des discours officiels, les dirigeants ont respecté jeudi matin une minute de silence à l’appel de la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate, « pour toutes celles et tous ceux qui souffrent déjà et qui ont faim, qui sont déplacés, qui quittent l’école ». Elle a appelé à « une sortie équitable des énergies fossiles », s’en prenant frontalement aux profits des compagnies pétrolières occidentales.

Clauses de désastre naturel

Parmi les nombreuses idées en débat, celle d’une taxe internationale sur les émissions carbone du transport maritime a le vent en poupe. Emmanuel Macron a redit qu’elle était « très importante ».

Les dirigeants mondiaux évoquent d’autres taxations, mais aussi des réformes institutionnelles, la restructuration des dettes des pays pauvres, un renforcement du rôle du secteur privé… La suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle est fortement soutenue par Mia Mottley. « Il y a neuf mois, personne ne parlait de clauses de désastre naturel », s’est-elle félicitée ce jeudi.

Les pays riches sont aussi mis face à leur promesse faite en 2009 de financer 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) par an pour aider les pays pauvres face au réchauffement. « Cet objectif a de grandes chances d’être atteint cette année ! » s’est félicité Emmanuel Macron sur Twitter. Mais avec trois années de retard qui ont profondément diminué la confiance entre le Nord et le Sud.

(avec AFP)

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