Michèle Ndoki face à Maurice Kamto : la fronde… avant l’exclusion ?

Michèle Ndoki entend disputer à Maurice Kamto la présidence du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Pourtant menacée d’exclusion et isolée, l’avocate organise la riposte. 

L’avocate camerounaise Michèle Ndoki, en 2017. © Barcex/Creative Commons

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 23 juin 2023 Lecture : 4 minutes.

Ses coups sont de moins en moins retenus. Ce 22 juin, c’est devant la presse nationale, réunie pour l’occasion à Yaoundé, ville dans laquelle elle avait posé ses valises la veille, que Michèle Ndoki a réaffirmé son intention de prendre la tête du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) lors de la prochaine convention de ce parti, prévue en novembre.

Devant les médias, l’avocate a parlé d’ « expérience affligeante », de « limites de la politique politicienne » ou encore des « vagues extraordinaires de démissions » pour décrire la situation qui prévaut au sein du MRC de Maurice Kamto. Une offensive qui illustre le fossé qui la sépare désormais des leaders de cette formation.

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« Mon exclusion a déjà été annoncée »

« Nous vous avons demandé de vous joindre à nous aujourd’hui parce que nous souhaitons prendre l’opinion à témoin de l’acharnement dont nous faisons l’objet depuis que j’ai annoncé mon ambition de rempiler à la présidence du MRC », a exposé d’emblée Michèle Ndoki. La militante est ainsi revenue sur la procédure disciplinaire dont elle fait l’objet et qui, selon elle, pourrait déboucher sur son exclusion.

« Une plainte a été déposée par le secrétaire général du parti, et notre exclusion est demandée, a-t-elle rappelé. Nous avons reçu des observations écrites et nous avions jusqu’à ce jour [22 juin] pour y répondre. Mais je peux vous dire que mon exclusion a déjà été annoncée. Car bien avant que je ne reçoive la plainte, mon confrère Fabien Kengne avait déjà [écrit], sur les réseaux sociaux, qu’une plainte allait m’être adressée et que j’allais être exclue du parti ».

Aucune information ne permet, pour l’heure, d’affirmer que la deuxième partie de cette prophétie se réalisera, mais Michèle Ndoki se dit prête à cette éventualité. « Ne soyez pas surpris que je ne sois plus membre du MRC dans les prochains jours », a-t-elle indiqué. Entend-elle mettre un coup de pression sur le Comité national de médiation et d’arbitrage, l’instance disciplinaire chargée d’examiner ses réponses ?

« Elle ne milite plus »

L’avocate s’est en tout cas présentée comme la victime d’une machination consécutive à sa déclaration de candidature. Au sein du MRC, on voit la situation sous un tout autre prisme. À en croire plusieurs cadres interrogés par Jeune Afrique, si Michèle Ndoki fait l’objet d’une méfiance de tous les instants, c’est bien moins en raison de sa candidature qu’en raison des soupçons de collusion avec le pouvoir qui pèsent sur elle.

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« Ndoki avait elle-même affirmé être en exil en Côte d’Ivoire et être menacée par le pouvoir, explique un de ces cadres. D’autres militants, comme Michel Biem Tong, étaient dans la même situation. Mais, comme par enchantement, elle est revenue au Cameroun sans être inquiétée et sans jamais informer le directoire ou les militants, qui lui auraient réservé un accueil à la hauteur de son engagement passé. Au lieu de cela, elle va à la télévision dire que Maurice Kamto ne peut plus se représenter à la tête du parti ! ».

Les fidèles de Kamto, qui partagent ce point de vue, affirment par ailleurs avoir constaté un tiédissement de son action. « Elle ne milite plus, n’assiste à aucune réunion, n’a même pas pris la peine de se présenter lors des renouvellements dans son unité de base, tout en se prévalant en public de son titre de première vice-présidente des Femmes [du parti] ».

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Vers un nouveau parti ?

À plusieurs reprises, Maurice Kamto lui-même a pointé un doigt accusateur en direction de « quiconque aurait reçu de l’argent du pouvoir pour détruire le MRC », prédisant que cette stratégie était « vouée à l’échec ». Bien qu’il n’ait jamais cité de noms, d’aucuns ont compris – à tort ou à raison – qu’il visait Michèle Ndoki. Cette dernière y voit une preuve supplémentaire d’un acharnement à son encontre. « J’ai entendu dire que je négociais mon entrée au gouvernement », a-t-elle déclaré, sans prendre la peine de se prononcer sur la véracité de cette rumeur.

Je continuerai de faire ce en quoi je crois

Alors qu’un divorce semble de plus en plus inéluctable, Ndoki n’entend pas renoncer à son engagement en politique. « Si, demain, je n’étais plus au MRC, je souhaiterais bon vent à ce parti. Et je continuerais de faire ce en quoi je crois, car on doit changer notre manière de faire de la politique. Nous devons nous remettre en question. »

L’intéressée se refuse à dire si, dans cette éventualité, elle fonderait un parti politique, mais un « mouvement de bâtisseurs » semble avoir ses faveurs. « Je continuerai donc sur ce que je veux lancer aujourd’hui : un mouvement de réflexion politique, “les Bâtisseurs”, et ce, quelle que soit la décision qui sera prise au MRC », a-t-elle conclu.

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