Guerre ouverte entre Prigojine, le patron de Wagner, et le commandement militaire russe

Le patron du groupe de mercenaires a appelé à « stopper » le commandement militaire russe. En retour, le Kremlin a ouvert une enquête pour appel à la « mutinerie armée ».

Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner, s’adresse au commandement militaire russe, dans une vidéo postée sur Telegram, le 5 mai 2023. © AFP PHOTO / Telegram channel of Concord group

Publié le 24 juin 2023 Lecture : 3 minutes.

Le chef du groupe paramilitaire Wagner a accusé ce vendredi 23 juin l’armée russe d’avoir mené des frappes meurtrières sur ses combattants à l’arrière du front ukrainien, appelant au soulèvement contre le commandement militaire. Cela lui a valu d’être aussitôt visé par une enquête pour appel « à la mutinerie armée ».

« Les allégations diffusées au nom d’Evgueni Prigojine n’ont aucun fondement. En lien avec celles-ci, le FSB [les services de sécurité russes] a ouvert une enquête pour appel à la mutinerie armée », a indiqué le Comité national antiterroriste de Russie dans un communiqué cité par les agences de presse russes.

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Poutine « informé de tous les évènements »

Le président russe, Vladimir Poutine, « est informé de tous les évènements autour d'[Evgueni] Prigojine. Les mesures nécessaires sont en train d’être prises », a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’agence TASS.

Au préalable, le patron de Wagner avait affirmé que des frappes russes avaient fait un « très grand nombre de victimes » dans les rangs de son groupe. « Ils ont mené des frappes, des frappes de missiles, sur nos camps à l’arrière. Un très grand nombre de nos combattants ont été tués », a déclaré Evguéni Prigojine dans un message audio.

Il a promis de « répondre » à ces attaques ordonnées, selon lui, par le ministre russe de la Défense, soulignant qu’il ne plaidait pas pour un « coup d’État militaire » mais qu’il voulait une « marche pour la justice ». Ces accusations « ne correspondent pas à la réalité et sont une provocation », a rétorqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Profondes tensions

Ce nouvel échange spectaculaire entre les deux entités au coeur de l’offensive de la Russie en Ukraine expose les profondes tensions au sein des forces russes liées au conflit ukrainien.

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« Le comité des commandements du groupe Wagner a décidé que ceux qui ont la responsabilité militaire du pays doivent être stoppés », a aussi dit Prigojine dans un message audio, en appelant à ne pas opposer de « résistance » à ses troupes et en assurant que le ministre de Défense, Sergueï Choïgou, serait « stoppé ».

Il a enfoncé le clou en affirmant disposer de « 25 000 » combattants et appelant les Russes à les « rejoindre ». « Nous allons déterminer pourquoi le chaos règne dans le pays […]. Nos réserves stratégiques, ce sont toute l’armée et tout le pays », a-t-il déclaré dans un message audio, appelant à « mettre fin au désordre ».

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L’armée russe recule dans plusieurs secteurs du sud et l’est de l’Ukraine, avait indiqué au préalable ce vendredi 23 juin le patron de Wagner, contredisant les affirmations du Kremlin selon qui la contre-offensive de Kiev est un échec. « Il n’y a aucun contrôle, il n’y a pas de succès militaires » de Moscou, a encore cinglé Evgueni Prigojine.

Contradictions

Invérifiables de source indépendante, les propos du patron de Wagner contredisent en tout cas ceux de Vladimir Poutine et de Sergueï Choïgou, selon qui l’armée russe « repousse » tous les assauts ukrainiens.

Ces derniers jours, le chef de l’État russe a répété que la contre-offensive ukrainienne était un échec et que les forces de Kiev avaient essuyé des pertes quasi « catastrophiques ». Jeudi 22 juin, son ministre de la Défense a assuré que l’armée ukrainienne était en train de se « regrouper » après avoir échoué à percer les défenses russes.

Le patron du groupe Wagner a qualifié de « profonde tromperie » les déclarations victorieuses du ministère russe, accusant l’état-major de « cacher » les difficultés et les pertes sur le terrain.

Preuve que la contre-offensive ukrainienne est prise très au sérieux par Moscou, Vladimir Poutine s’est exprimé à plusieurs reprises en quelques jours sur la situation sur le champ de bataille, alors qu’il avait tendance ces derniers mois à ne pas la commenter en détails.

Contre les oligarques

Alors que de nombreux opposants et anonymes russes sont en prison pour avoir critiqué le conflit en Ukraine, Evgueni Prigojine a ouvertement remis en question vendredi les raisons pour lesquelles l’intervention militaire a été lancée. « La guerre était nécessaire pour qu’un groupe de salauds soit promu », a-t-il fustigé, accusant « les oligarques » russes qui « avaient besoin de la guerre », alors que Kiev était selon lui « prêt à n’importe quel accord ».

(Avec AFP)

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