Comment Rwandair a négocié son Kigali-Paris
Rwandair relie désormais, en direct, Paris et Kigali. Cette liaison entérine les nouveaux accords aériens entre les deux pays, qui ouvrent un large éventail de possibilités à leur compagnie nationale ainsi qu’à leurs partenaires.
Ce 27 juin, à 9h10, l’Airbus A330-300 de Rwandair s’est posé sur le tarmac de l’aéroport parisien Charles-de-Gaulle, inaugurant la première liaison directe entre Kigali et Paris.
L’avion, qui avait décollé à 0h30 de Kigali, s’est ensuite envolé vers Bruxelles, avant de repartir dans l’autre sens, desservant Paris à 21h30 pour se poser à Kigali à 6h du matin. Trois liaisons par semaine sont prévues, les mardi, jeudi et samedi.
Les passagers de ce vol inaugural, parmi lesquels la directrice générale de la compagnie, Yvonne Manzi Makolo, l’ambassadeur de France au Rwanda, Antoine Anfré, ou encore le directeur général du Rwanda Stock Exchange, Pierre Célestin Rwabukumba, étaient attendus sur le tarmac par la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, son conseiller spécial, politique et diplomatique, Désiré Nyaruhirira, ainsi que par François Nkulikiyimfura, ambassadeur du Rwanda en France.
Négociations bilatérales
Fruit du réchauffement diplomatique entre les deux pays, cette liaison a été facilitée par des négociations aéronautiques bilatérales qui se sont tenues les 9 et 10 mars à Kigali, entre les autorités de l’aviation civile des deux pays. Initiées à la demande des autorités rwandaises, selon la communication du ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, dont dépendent les transports, les négociations ont conduit au paraphe d’un nouvel accord de services aériens, remplaçant un précédent traité qui datait de 1973.
Bien que devant encore être officiellement ratifié par les autorités des deux pays, ce nouveau cadre bilatéral est d’ores et déjà appliqué par anticipation, un ovni juridique spécifique au monde de l’aérien, en usage à l’international.
Il permet « à tout transporteur français de partir de tout point en France pour desservir tout point au Rwanda, en passant par tout point intermédiaire dans un pays tiers ou en achevant son trajet au-delà, dans tout point d’un pays tiers, et réciproquement pour tout transporteur rwandais », et ce à raison de sept fréquences hebdomadaires pour chacune des parties. Une enveloppe qui n’existait pas, selon nos informations, dans le précédent accord, ce dernier se contentant d’évoquer un principe d’opportunités libres et égales entre transporteurs.
Opportunités pour le cargo
Contacté par Jeune Afrique, Air France assure ne pas souhaiter dans l’immédiat exploiter de ligne directe entre Paris et Kigali, comme le lui permettrait le nouveau dispositif, la destination restant à ce jour desservie pour le groupe uniquement par son partenaire KLM, à raison de six rotations hebdomadaires depuis son hub d’Amsterdam.
L’accord prévoit en outre la possibilité d’exploiter l’axe France-Rwanda pour des opérations tout-cargo, à raison de trois fréquences par semaine pour chaque pavillon. Une disposition qui ne devrait pas être utilisée dans l’immédiat par Rwandair, qui commence tout juste ses opérations 100 % fret – elle a reçu son premier appareil, un Boeing 737-800 F, fin novembre 2022. Il s’agit cependant d’un volet que la compagnie rwandaise compte développer, notamment via des synergies avec son partenaire Qatar Airways.
Selon la communication du ministère français, le nouveau cadre bilatéral (non public) permet d’ailleurs « les opérations de partage de codes entre compagnies désignées des deux parties et avec des compagnies de pays tiers ».
Limiter les risques
L’association de sa nouvelle ligne à celle, éprouvée, de Bruxelles, permet au pavillon rwandais de tester sa nouvelle destination tout en limitant les risques, comme il l’a auparavant fait pour Londres, elle aussi testée en couplage avec Bruxelles, avant d’être lancée en vol direct en novembre 2022. La différence étant que, cette fois-ci, ce sont les passagers à destination de Bruxelles qui voient leur parcours allongé, ce qui devrait faire les affaires de son concurrent direct sur la ligne, Brussels Airlines.
La compagnie rwandaise veille aussi au succès de sa nouvelle destination en proposant une remise de 25 % aux voyageurs programmant un voyage – dans l’un ou l’autre des deux sens – en 2023, sur un tarif pouvant déjà descendre à 700 euros environ l’aller-retour, contre une moyenne de 1 300 euros chez ses concurrents. Des prix qui restent extrêmement fluctuants en fonction de la période concernée, y compris chez Rwandair, où le billet en classe économie s’affiche déjà à plus de 2 000 euros l’aller-retour pour certaines dates.
Le vol inaugural, lui, se révèle au moins un succès, l’avion ayant affiché complet et les passagers ne boudant pas leur plaisir de voir leur trajet bouclé en 8 heures et trente minutes.
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