Umaro Sissoco Embaló : « La stigmatisation de la communauté peule doit cesser »
Transitions après les coups d’État en Afrique de l’Ouest, progression du terrorisme, sentiment anti-français… De passage à Paris, le président de la Guinée-Bissau, qui achève son mandat à la tête de la Cedeao, a accordé un entretien exclusif à JA.
Depuis le 8 juin et l’annonce, par la commission électorale, des résultats des législatives, le General do Povo (« Général du peuple »), est entré dans un scénario qu’il n’avait pas prévu, mais dont il accepte, bon gré mal gré, les conséquences : celui de la cohabitation avec la coalition de l’opposition, sortie largement victorieuse du scrutin du 4 juin. Une configuration qui l’a contraint à renoncer à briguer un second mandat à la tête de la Cedeao comme il l’aurait souhaité, afin de se consacrer au « front intérieur » dans la perspective de la présidentielle de 2024.
Habile et proactif
Durant cette année passée à diriger l’organisation régionale, Umaro Sissoco Embaló a beaucoup voyagé, de Moscou à Brasilia, de Kiev à Paris, d’Ankara à Washington en passant par une demi-douzaine de capitales africaines, contribuant à donner à la Guinée-Bissau une visibilité internationale qu’elle n’avait jamais eue depuis son indépendance, en 1974.
Habile, proactif, toujours prêt à transmettre les messages des grands de ce monde à leurs pairs, ce proche de Macky Sall et de Denis Sassou Nguesso (qu’il appelle « Papa ») qu’Emmanuel Macron a pris en affection depuis qu’il lui a transmis les excuses du chef de l’État brésilien, Jair Bolsonaro, à son épouse, Brigitte, a su mettre son entregent au service du pays – d’où le reproche que lui font certains de ses pairs d’avoir profité de la présidence de l’organisation régionale pour promouvoir ses intérêts nationaux.
Au pouvoir depuis février 2020, ce général de réserve de 50 ans au parcours éclectique – de l’école militaire aux universités de Lisbonne, Madrid et Tel-Aviv, en passant par le fonds libyen d’investissement Laico – nous a rendu visite le 21 juin, veille de l’ouverture du Sommet pour un nouveau pacte financier. Une grand-messe parisienne qu’il n’aurait manquée pour rien au monde.
Jeune Afrique : Le 4 juin, la coalition d’opposition PAI-Terra Ranka, du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), a remporté haut la main les élections législatives. Êtes-vous un président affaibli ?
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