Inquiétante hausse des cas de viol au Sud-Kivu
Les cas de viol se multiplient au Sud-Kivu, province de l’est de la République démocratique du Congo. De nombreuses attaques sont attribuées aux rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda.
Une augmentation marquée du nombre de cas de viol a été observée dans la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les attaques menées par des miliciens hutus rwandais contre les populations civiles se sont intensifiées, selon les autorités civiles et humanitaires.
" Comme d’habitude, les FDLR [Forces démocratiques pour la libération du Rwanda] attaquent la nuit, ils incendient [les habitations] et emmènent les femmes dans la forêt pour les violer ", a expliqué à IRIN Venant Rugusha, coordinateur de la société civile.
Des attaques récentes ont été signalées le 1er juin, dans plusieurs villages du territoire de Mwenga, qui ont été incendiés, et un cas de viol a également été rapporté, selon Arthur Katanga, curé catholique de Mwenga. Les localités de Kilungutwe, à 45 kilomètres de Mwenga, et de Kalama faisaient partie des zones touchées par ces attaques, pouvait-on lire dans une note d’information publiée par l’organisation non-gouvernementale (ONG) Caritas.
Femmes enterrées vivantes
Toujours selon Caritas, ces attaques sont interprétées par les populations touchées comme un avertissement des rebelles, qui prônent une solution non-militaire pour quitter la RDC.
Les gouvernements rwandais et congolais ont mené cette année une opération militaire conjointe visant à bouter les FDLR hors de la région. Les FDLR, principalement composées de rebelles hutus rwandais, sont les descendantes directes des forces qui ont exécuté le génocide de 1994, au Rwanda.
Selon Caritas, ces attaques ne sont pas sans rappeler les massacres commis en 1998 et 1999 au Sud-Kivu. Kasika, à cinq kilomètres de Kalama, a notamment été le théâtre des massacres qui ont eu lieu à Mwenga, où une dizaine de femmes ont été enterrées vivantes en septembre 1999.
Les cas signalés
Selon Nestor Yombo, chargé de communication au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), au moins 463 cas de viol ont été recensés au cours des trois derniers mois, soit plus de la moitié du nombre de cas signalés pour l’ensemble de l’année 2008.
" Une fillette de trois ans a succombé aux blessures infligées par ceux qui l’ont déflorée, sans doute les FDLR ", selon M. Yombo. " Selon sa mère, les sœurs de la fillette, âgées de 12, 14 et 17 ans, ont elles aussi toutes été violées au moins une fois par des individus armés ".
L’augmentation des cas de viol coïncide avec le déploiement des soldats congolais dans la province en prévision d’une autre opération contre les FDLR, a-t-il indiqué.
La plupart des viols ont été recensés vers le nord du Sud-Kivu. Au moins 103 cas de viol ont été recensés entre le 1er avril et le 14 mai dans le territoire fortement militarisé de Kalehe, dans le Sud-Kivu, a-t-il expliqué.
Les agressions contre les travailleurs humanitaires sont également de plus en plus fréquentes. " Les FDLR violent chaque jour, mais il y a également des cas de viol isolés, commis par les FARDC [l’armée nationale], que le gouvernement n’a pas pris en charge depuis longtemps ", selon M. Rugusha, coordinateur de la société civile.
Violences aveugles
Avec la reprise des affrontements, en août 2008, le Nord-Kivu, province voisine, a également été le théâtre de violences sexuelles, pouvait-on lire dans un rapport publié en mai par l’International Crisis Group.
" Les violences sexuelles, auparavant utilisées comme une arme de guerre, sont désormais attiscernement ", d’après le rapport. " Bien que ces violences sexuelles aient fait l’objet d’une condamnation internationale sans précédent, leurs auteurs restent généralement impunis. Selon les informations de la société civile, l’armée nationale et la police se rendent toutes deux coupables de violences sexuelles, mais contrairement aux civils, elles n’encourent aucun risque de poursuites ", toujours selon le rapport.
" En juin 2008, 2 200 cas de viol ont été recensés au Nord-Kivu. Cette statistique ne représente qu’un petit nombre des victimes de sévices sexuels : celles qui ont la possibilité et la volonté de se manifester ou de demander de l’aide ".
Mutilations sexuelles
Au Sud-Kivu, entre janvier et septembre 2007, 2 773 cas de viol ont été recensés à l’hôpital de Panzi, à Bukavu, dont 2 447 ont été attribués aux FDLR.
Un groupe de déserteurs des FDLR, associés aux Rasta, une milice congolaise, ont été identifiés comme les principaux auteurs d’un certain schéma de viols et de mutilations génitales, commis à l’encontre des femmes congolaises, et qui selon certains analystes, équivaudrait à une forme de nettoyage ethnique à des fins de domination territoriale.
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