Le « plan Rwanda » britannique attaqué sur la question financière

Au Royaume-Uni, le transfert des demandeurs d’asile illégaux vers le Rwanda coûterait une somme qui fait polémique dans la presse.

© Damien Glez

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Publié le 28 juin 2023 Lecture : 2 minutes.

Communément dénommé « plan Rwanda », le projet londonien de diriger automatiquement certains demandeurs d’asile vers un pays tiers jugé « sûr » faisait déjà l’objet d’une controverse d’ordre moral. Promis par le gouvernement conservateur, notamment dans le cadre de la démarche souverainiste du Brexit, le contrôle de l’immigration légale et illégale a conduit, pour l’instant, à un accord avec le Rwanda pour cogérer les clandestins arrivés par la Manche. Une manière de s’occuper, en aval, des arrivées manifestement difficiles à empêcher : en 2023, 11 700 migrants auraient déjà effectué cette expédition depuis l’Europe continentale…

De nombreux politiciens d’opposition ou représentants d’organisation de défense des droits humains ont déjà exprimé leur malaise à l’égard d’une procédure jugée incongrue, avant même d’être honteuse. Certains clandestins venus de pays situés à 4 000 kilomètres au sud de la Grande-Bretagne pourraient se retrouver bloqués à 8 000 kilomètres au sud de leur point de départ. Et voici que la dimension financière de l’opération fait grincer les dents de contribuables…

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Un coût élevé

L’étude d’impact gouvernementale publiée le 26 juin montre que le transfert des demandeurs d’asile un vers pays tiers coûtera quelque 169 000 livres sterling – presque 200 000 euros – par personne. Une somme qui comprend le billet d’avion, les frais administratifs et le paiement au pays tiers de 105 000 livres (122 000 euros). Or, aujourd’hui, ce coût ne s’élèverait qu’à 106 000 livres (123 000 euros), selon le quotidien The Telegraph. La presse s’interroge donc : quel pourrait bien être l’intérêt d’un plan qui ne permettrait même pas d’économiser de l’argent public ?

Le gouvernement rétorque qu’il suffirait que la perspective de se retrouver au Rwanda dissuade 37 % des candidats à la traversée pour que s’esquisse un début de rentabilité. Et d’affirmer que, sans rien faire, le rythme des migrations illégales en Grande-Bretagne devrait conduire à un coût de 11 milliards de livres par an d’ici à 2026.

La question du poids financier de l’hébergement des demandeurs d’asile étant aussi lié aux interminables délais d’examen des dossiers, de nombreux observateurs considèrent que le « plan Rwanda » est d’abord symbolique. Pour l’heure, après un blocage au niveau de la Cour européenne des droits humains (CEDH) et un débat en cours au Parlement britannique, le plan est empêché, dans l’attente de décisions de justice, notamment l’une prévue, en appel, ce 29 juin. Pendant ce temps, les embarcations de fortune, elles, continuent de prendre la Manche…

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