Lutte contre la fièvre de Lassa, un fléau mortel
Les autorités sanitaires nigérianes s’efforcent de contenir une réapparition de la fièvre de Lassa, une maladie extrêmement contagieuse qui a tué au moins huit personnes ce dernier mois.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 93 cas du virus ont été confirmés à Abuja, la capitale, et dans l’Etat voisin de Nassarawa, depuis décembre.
Au Specialist Teaching Hospital d’Irrua, dans l’Etat d’Edo, le nombre de cas confirmés a augmenté de 60 pour cent entre décembre et janvier.
« C’est une augmentation considérable ; en plus, ce ne sont que les cas dont nous entendons parler à l’hôpital », a expliqué à IRIN Marguerite Lamunu, experte de la fièvre de Lassa à l’OMS. « En réalité, il y aura probablement bien d’autres cas et de décès au sein de la communauté, sans compter que la maladie se propage d’Etat en Etat ».
La fièvre de Lassa est une maladie hémorragique virale grave, transmissible par contact avec les urines ou les excréments des rongeurs, en particulier des rats et des musaraignes. Elle a été découverte en 1969, dans la ville de Lassa, à Borno, un Etat du nord du Nigeria.
La fièvre de Lassa se transmet également par contact direct avec les sécrétions corporelles ou les matières fécales d’une personne infectée, ou par les particules en suspension dans l’air, selon Ogugua Osi-Ogbu, directeur du service de prévention et de traitement de la fièvre de Lassa à l’Hôpital national d’Abuja (HNA).
« Nous avons une épidémie sur les bras », a-t-il déclaré à IRIN.
La maladie, dont la période d’incubation est d’une à trois semaines, est devenue endémique dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest, où elle tue chaque année au moins 5 000 personnes, sur 300 000 à 500 000 cas, selon les statistiques de l’OMS.
La fièvre de Lassa est particulièrement grave en fin de grossesse : elle provoque le décès du fœtus et/ou de la mère dans plus de 80 pour cent des cas.
Avertissement
Le ministère fédéral nigérian de la Santé a alerté les ministères de la Santé des 36 Etats, leur donnant ordre d’intensifier les campagnes publiques de sensibilisation à la prévention de la fièvre de Lassa.
« Nous nous sommes lancés dans une campagne rigoureuse à la radio, pour sensibiliser les populations aux dangers de la fièvre de Lassa, aux modes de transmission et aux mesures efficaces qui permettent d’éviter l’infection », a déclaré à IRIN Aisha Isyaku Kiru, commissaire à la santé de l’Etat de Kano.
« Nous appelons particulièrement les gens à observer et à améliorer les pratiques d’hygiène communautaires en veillant au traitement adéquat des ordures, pour dissuader les rats de s’installer, et à conserver les vivres et l’eau de boisson dans des contenants hors de portée des rats », a conseillé Mme Kiru.
Selon les habitants, de nombreux groupes ethniques consomment des rongeurs, en particulier les rats, les hérissons et les blaireaux.
Des broussailles sont souvent brûlées pour enfumer les rongeurs et en faire de la « viande de la brousse » (bush meat), selon l’appellation locale, ce qui incite les animaux à se réfugier dans les habitations, augmentant ainsi le risque de transmission de la fièvre de Lassa.
« Les rongeurs sont une source de viande pour bon nombre d’habitants et le gouvernement doit interdire la consommation de rongeurs pour contenir efficacement la propagation de la fièvre de Lassa », a préconisé Bernard Ayorchia, médecin libéral à Makurdi, une ville du centre du Nigeria.
Autre obstacle à la lutte contre la fièvre de Lassa au Nigeria : le manque de laboratoires. Seuls deux centres, dans les Etats de Lagos et d’Edo, dans le sud, disposent des équipements nécessaires pour diagnostiquer la maladie.
Les premiers symptômes (maux de tête, maux de gorge, douleurs musculaires, douleurs thoraciques, nausée, vomissements, diarrhée et toux) sont semblables à ceux du paludisme, ce qui peut aussi compliquer le diagnostic de la fièvre de Lassa, selon l’OMS.
Dans les cas graves, la maladie peut entraîner des saignements de la bouche ou du nez, des saignements vaginaux ou du tractus gastro-intestinal. Dans les dernières phases, elle peut également provoquer des crises, un état de choc, des tremblements ou le coma.
« Le gouvernement doit ouvrir d’urgence des laboratoires capables de diagnostiquer la fièvre de Lassa dans toutes les régions du pays », a recommandé le docteur Osi-Ogbu du HNA. « Pour pouvoir sauver la vie de la personne infectée, il est essentiel de détecter le virus tôt et de réagir rapidement ».
L’OMS prévoit dans les jours à venir de dépêcher une équipe d’évaluation dans les Etats touchés du Nigeria, pour mesurer l’ampleur de l’épidémie.
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