Au Burkina Faso, nouvelle suspension d’un média français
La chaîne d’information en continu LCI a été suspendue pendant trois mois par les autorités burkinabè, qui l’accusent d’avoir diffusé de « fausses informations », notamment sur l’avancée des jihadistes dans le pays.
Le 29 juin, l’autorité de régulation des médias du Burkina Faso a décidé de suspendre la chaîne française d’information LCI pendant trois mois, après les propos d’une journaliste sur la situation liée aux violences jihadistes qualifiés de « fausses informations ».
Les programmes de la chaîne d’information en continu du groupe TF1 « sont suspendus pour une durée de trois mois au Burkina Faso sur les bouquets de tout distributeur de services audiovisuels à péage à compter de la notification de la présente décision », indique le Conseil supérieur de la communication (CSC).
« Chair à canon »
Selon cette instance, LCI « a diffusé le 25 avril 2023, une émission intitulée ’24h Pujadas, l’info en question’, au cours de laquelle sa journaliste Abnousse Shalmani a livré un certain nombre d’informations sur la crise sécuritaire dans le Sahel en général mais aussi sur le Burkina Faso ».
Le CSC reproche à la journaliste d’avoir affirmé que les « jihadistes avancent à toute vitesse en l’absence de tout État dans les localités conquises » ; d’avoir précisé, « sans mentionner de source, que 40 % du territoire est occupé par les jihadistes » ou encore que « près de 90 000 civils, appelés Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, les supplétifs de l’armée) sont utilisés comme de la chair à canon pour protéger les militaires burkinabè contre les terroristes ».
L’autorité de régulation estime que ces propos sont de « simples supputations et des insinuations malveillantes », certaines étant « susceptibles de créer des troubles au sein des populations et de fragiliser la collaboration nécessaire recherchée entre l’armée et les civils pour la sauvegarde de la patrie burkinabè ».
Plusieurs médias français visés
Début avril, les autorités du Burkina Faso avaient expulsé les correspondantes des quotidiens français Libération et Le Monde. Libération venait de publier une enquête sur des exécutions présumées de jeunes dans une caserne militaire.
Fin mars, elles avaient ordonné la suspension sine die de la chaîne de télévision France 24, après avoir suspendu RFI en décembre 2022, médias publics français accusés d’avoir relayé des messages de chefs jihadistes. Le gouvernement burkinabè avait cependant assuré rester « fondamentalement attaché » à la liberté d’expression et d’opinion.
(Avec AFP)
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