Quatrième journée de violence à Antananarivo
La police a tiré en l’air, pour disperser les pilleurs, au cours de la quatrième journée de troubles civils à Antananarivo, capitale malgache. Des individus se sont introduits par effraction dans bon nombre des principaux magasins d’alimentation et de matériel électrique de la ville, et des incendies se sont déclarés près de la zone marchande du centre-ville. La police a fait profil bas au plus fort des pillages. On compte désormais 68 mors depuis le début des manifestations contre le gouvernement, donnant lieu à des flambées de violence.
Des milliers de personnes appelant à la destitution du gouvernement sont descendues dans les rues d’Antananarivo ces derniers jours en réaction aux appels d’Andry Rajoelina, 34 ans, le maire de la capitale ; ce dernier, qui se distingue par son franc-parler, a accusé le gouvernement de faire barrage à la démocratie et de bafouer la liberté de la presse.
M. Rajoelina a appelé au retrait du président et à la formation d’un gouvernement de transition, dont il prendrait la tête. Le 25 janvier, à l’occasion d’un rassemblement qui a eu lieu malgré l’interdiction des autorités, le maire a appelé au lancement d’un mouvement de grève général à Antananarivo.
Le lendemain, il s’est de nouveau adressé à ses partisans en ces termes : « une force militaire n’a jamais réussi, nulle part au monde, à vaincre la force du peuple. Le pouvoir appartient au peuple ».
« Il est temps de changer de régime. Nous voulons rendre le pouvoir au petit peuple », a déclaré un manifestant à IRIN.
Le président Marc Ravalomanana a appelé au calme, écourtant un déplacement en Afrique du Sud, où il assistait à un sommet des dirigeants de la région. Il a appelé les populations à ne pas participer à ce qu’il a qualifié de « révolte » instiguée par le maire.
Risque d’une aggravation
Madagascar a un passé marqué par l’agitation politique et au vu des derniers événements, bon nombre de personnes craignent que la situation actuelle ne s’aggrave encore davantage.
Les élections présidentielles controversées de 2001, à l’issue desquelles Marc Ravalomanana et l’ancien président Didier Ratasiraka avaient tous deux revendiqué une victoire, avaient abouti à des flambées de violence généralisées et à une impasse politique qui avait paralysé le pays pendant six mois.
Marc Ravalomanana avait été déclaré président après que sa victoire eut été confirmée par la cour ; en 2006, il a été réélu pour un deuxième mandat, avec 55 pour cent des voix.
A Antananarivo, les tensions politiques sont de plus en plus vives depuis que les autorités ont fermé le réseau de télévision VIVA, dirigé par Andry Rajoelina, en décembre 2008. Mais la relation entre le président et le maire est tendue depuis que M. Rajoelina a été élu en 2007.
Le 25 janvier, la branche radiophonique du réseau VIVA a également été fermée, ce qui a provoqué les manifestations. Le complexe de diffusion public de Madagascar a été pris pour cible par la foule, qui exigeait la reprise des programmes de VIVA.
La station de diffusion personnelle de M. Ravalomanana a également été prise pour cible, et ailleurs dans la ville, les bureaux et les complexes de stockage liés aux intérêts commerciaux du président ont été cambriolés, pillés et incendiés.
La communauté internationale appelle le président Ravalomanana et le maire à négocier, et les deux hommes ont appelé au calme. Le maire a néanmoins imposé ses conditions pour une rencontre avec le président : il a notamment exigé que les individus responsables du meurtre des deux manifestants, le 26 janvier, soient traduits en justice.
Quoi qu’il en soit, pour certains, le maire n’est pas l’homme qu’il faut pour diriger le gouvernement de transition qu’il souhaite former.
« M. Rajoelina est trop jeune et pas assez compétent pour diriger le pays », a estimé un habitant, qui a souhaité garder l’anonymat. « Il est manipulé par les dinosaures de la politique malgache, qui veulent plus de pouvoir ».
Un vétéran de l’armée, partisan de M. Rajoelina, a quant à lui expliqué à IRIN que le dialogue était la meilleure marche à suivre. « L’avenir pour nous, ce sera être capable de communiquer librement avec les autorités. Pour le moment, on ne peut rien faire : on ne peut parler ni au gouvernement, ni aux autorités ».
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