Avant le discours de Macky Sall, Ousmane Sonko appelle à « un sursaut national »
L’opposant sénégalais, condamné à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse, s’est exprimé quelques heures avant que le chef de l’État prenne la parole et lève le voile sur ses ambitions pour la présidentielle de 2024.
Ousmane Sonko, le principal opposant sénégalais, condamné il y a un mois à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », a appelé ses compatriotes à « sortir massivement » les prochains jours, à la veille d’un discours du président Macky Sall qui devrait dire, ce lundi 3 juillet à 20h GMT, s’il sera candidat pour un troisième mandat à la présidentielle de 2024.
« Nous devons sortir pour affronter le régime de Macky Sall et dire que ce ne sera pas à lui de choisir les candidats qui devront s’affronter pour la prochaine élection présidentielle », a déclaré Ousmane Sonko le 2 juillet au soir au cours d’une intervention sur les réseaux sociaux.
Élu en 2012 puis réélu en 2019, Macky Sall a jusqu’à présent laissé planer le doute sur ses intentions. La Constitution stipule que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », mais elle a été révisée en 2016 et les partisans d’une nouvelle candidature du chef de l’État sortant affirment que cela a remis les compteurs à zéro.
« En finir avec le régime criminel »
Condamné dans une affaire de mœurs, Ousmane Sonko est en l’état actuel inéligible. L’annonce du verdict a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, faisant 16 morts selon les autorités, 24 selon Amnesty international.
L’opposant n’a cessé de dénoncer un complot pour l’écarter de l’élection présidentielle de février 2024, ce que le pouvoir réfute. Depuis le 28 mai, date de son retour à Dakar, il est bloqué à son domicile par les forces de sécurité. En cas d’arrestation – ce qui peut arriver à tout moment – et s’il n’est pas libéré dans les deux heures, « j’appelle tout le peuple sénégalais à se lever comme un seul homme et à sortir massivement et cette fois-ci à en finir avec ce régime criminel », a-t-il dit.
Si le président se présente, « je crois qu’il incombe à tout le peuple sénégalais de se mettre debout, de lui faire face », a-t-il déclaré. « J’en appelle à un sursaut national. Les jours et les semaines à venir seront cruciaux » et « difficiles », a-t-il ajouté. Il a, en outre, appelé les Sénégalais à se mobiliser pour réclamer la libération des détenus politiques et pour mettre fin le plus rapidement possible à sa propre « détention administrative ».
Karim Wade et Khalifa Sall de retour
Pour Sonko, le dialogue qui s’est achevé il y a dix jours n’est rien d’autre qu’un « deal » entre les différentes forces politiques qui y ont participé pour l’éliminer de la course à la présidence. Cette concertation a remis en piste deux opposants, Karim Wade et Khalifa Sall, dont la trajectoire politique avait brutalement été interrompue par des ennuis judiciaires et qui avaient été privés de présidentielle en 2019.
Lors de la clôture des travaux, le président Macky Sall a promis de s’exprimer sur son éventuelle candidature après la Tabaski. Il avait fait valoir précédemment que seuls des facteurs politiques, et non constitutionnels, pourraient l’empêcher de se présenter et a affirmé que son choix serait « libre et souverain ».
Samedi, devant des élus locaux qui ont initié et massivement signé une pétition pour le soutenir, il a appelé sa famille politique à l’unité et à placer « l’intérêt général » et « l’intérêt de la coalition » devant toute autre considération. « Mon combat et ma plus grande fierté, c’est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de nos populations », a-t-il déclaré, soulignant que la feuille de route pour faire du Sénégal un pays émergent en 2035 était déjà « balisée ».
(Avec AFP)
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