Les pédologues se joignent aux efforts de renforcement de la sécurité alimentaire

Un système numérique de surveillance de la santé des sols, mis en place le 13 janvier à Nairobi, va permettre aux pédologues de cartographier les zones exposées au risque de dégradation des sols et faciliter les interventions appropriées susceptibles de contribuer à limiter l’insécurité alimentaire à travers le continent.

Publié le 15 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Élaborée par le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT), la « toute première » carte numérique détaillée couvrant 42 pays associe sciences et technologies des sols les plus récentes, imagerie par satellite et efforts sur le terrain pour élaborer une carte en ligne.

D’après le CIAT, cette carte numérique des sols appauvris du continent permettra d’obtenir des données essentielles pour stimuler la production alimentaire mais également de proposer des solutions aux agriculteurs pauvres systématiquement victimes de récoltes à faible rendement en raison de la dégradation des sols.

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Wycliffe Oparanya, ministre d’État kényan pour la Planification, le développement national et la vision 2030, qui a lancé le service d’information sur les sols africains (AfSIS) au sein du Centre d’agroforesterie mondial (ICRAF) à Nairobi, a déclaré que la carte des sols offrirait aux scientifiques et aux décideurs des informations plus détaillées et plus précises sur la fertilité des sols en Afrique sub-saharienne.

« Des efforts ont certes été déployés pour mettre au point des variétés à haut rendement, mais le fait est que la fertilité des sols est restée faible dans de nombreux pays d’Afrique ; [de ce fait], nous n’avons pas été en mesure de conjuguer les bénéfices de récoltes améliorées et la capacité », a-t-il ajouté. « Par conséquent, investir dans la santé des sols est une priorité à laquelle nous devons tous nous atteler… afin de garantir la sécurité alimentaire à nos populations ».

Selon M. Oparanya, la crise alimentaire à laquelle sont confrontés de nombreux pays est devenue un phénomène mondial qui fait planer une nouvelle menace sur la stabilité du cadre social et la prospérité de l’ensemble des nations, et « particulièrement les nations de petite taille ».

« À travers le monde, de plus en plus de personnes ne parviennent pas à se nourrir. Le nombre d’émeutes ayant pour toile de fond les problèmes alimentaires est à la hausse, ce qui à son tour entraîne une instabilité politique. C’est pourquoi toutes les nations doivent accroître et maintenir la production de cultures vivrières de base, notamment le blé, le riz, le maïs, le millet et les pommes de terre », a affirmé M. Oparanya.

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Le CIAT travaille à la mise au point du service d’information sur les sols africains grâce à une subvention pour quatre ans, chiffrée à 18 millions de dollars, octroyée par la fondation Bill & Melinda Gates et l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA). À terme, la carte numérique sera intégrée à une initiative de cartographie des sols mondiale, intitulée GlobalSoilMap.net.

Parmi les autres partenaires investis figurent l’Institut de la terre de l’université de Columbia, l’ISRIC (World Soil Information) de l’université de Wageningen aux Pays-Bas et le Centre d’agroforesterie mondial basé à Nairobi.

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Stimuler la productivité

« Aider les petits agriculteurs à accroître leurs rendements et leurs revenus est l’une des mesures les plus importantes que le monde peut entreprendre pour lutter contre la faim et la pauvreté », a déclaré Rajiv Shah, directeur du développement agricole au sein de la fondation Bill & Melinda Gates. « Grâce à un accès à de meilleures informations sur les sols, les agriculteurs africains seront en mesure d’utiliser des méthodes adaptées à leurs conditions afin de stimuler leur productivité et d’améliorer leurs conditions de vie ».

Namanga Ngongi, président de l’AGRA, a affirmé : « Ce projet bénéficiera aux familles paysannes africaines dans la mesure où il leur indiquera de quelle façon elles peuvent inverser la tendance en matière de fertilité des sols, un facteur majeur expliquant la croissance peu rapide de la productivité agricole régionale au cours des dernières décennies ».

Selon Pedro Sanchez, directeur du programme sur l’agriculture tropicale et l’environnement rural et directeur du projet Villages du millénaire à l’université de Columbia, à mesure que la crise alimentaire africaine s’aggrave, les populations commencent à saisir l’importance d’une surveillance de la santé des sols.

« La carte numérique des sols a ramené la pédologie au 21e siècle », a-t-il ajouté. « D’une simple pression sur un bouton, vous obtenez des réponses sur l’érosion des sols, les régions à cultiver et les cultures à privilégier sur tels types de sols ».

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