Ashkelon se vide, les équipes de traitement du traumatisme se démènent
Selon les médias israéliens, 40 pour cent des habitants de la ville d’Ashkelon, située à proximité de Gaza, ont quitté la ville le week-end dernier pour gagner la sécurité relative des villes situées dans le nord du pays, malgré les appels à rester lancés par le maire d’Ashkelon, Beni Vaknin.
Lorsque l’offensive israélienne a été lancée, le 27 décembre, les grandes villes du sud de l’Israël (Ashkelon, Ashdod et Beer Sheba) ont été la cible des tirs de roquette du Hamas, qui ont provoqué choc et anxiété.
Sima, une mère de trois enfants, a embarqué ses filles dans une voiture le 12 janvier. « Nous partons chez mes parents, je ne peux pas supporter de passer un jour de plus ici ; mes filles sont traumatisées. Nous reviendrons lorsque tout sera terminé », a-t-elle dit à IRIN au téléphone.
À peu près au même moment, un mortier Grad tiré sur Ashkelon a démoli une maison, mais épargné les vies de la famille qui se trouvait à l’intérieur. Sima ne s’est pas rendue à son travail depuis deux semaines.
D’après le Centre israélien d’information sur le renseignement et le terrorisme, à la date du 12 janvier, 459 mortiers avaient été tirés sur le pays depuis le 27 décembre.
Le 12 janvier, les étudiants des villes situées dans le sud du pays ont été autorisés à reprendre les cours pour la première fois depuis le début de l’opération, mais dans de strictes conditions de sécurité : seuls les cours dispensés dans des bâtiments protégés et des abris sont autorisés.
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue la semaine dernière, Shlomit Amichai, directeur général du ministère de l’Éducation, a déclaré : « C’est une question d’importance nationale ; les enfants doivent impérativement retrouver leur routine, bien que la situation actuelle soit inhabituelle ».
D’après une enquête menée par le ministère, près de 60 pour cent des étudiants du sud ont choisi de reprendre le chemin de l’école.
« Terrifiés »
Cependant, nombreux sont ceux qui ne partagent pas son point de vue. Natan, un lycéen de 17 ans habitant Ashkelon, a dit à IRIN : « Huit de nos écoles et maternelles (à Ashkelon, Beer Sheba et Ashdod) ont été directement frappées par des tirs de mortier lorsqu’elles étaient inoccupées. Je n’ai pas honte de dire que je suis terrifié ».
Rona et Stass, deux étudiants du collège universitaire Sapir à Sdérot (non loin de la frontière de Gaza), ont expliqué à IRIN que bien que l’université ait rouvert ses portes le 11 janvier, le taux de présence était extrêmement faible, moins de 25 pour cent, selon les étudiants. « Nous pensons que le stress et la peur se renforcent ».
Malgré les propos rassurants des autorités locales et le Bagruiot tout proche (examens concluant le lycée), le 12 janvier, à Ashkelon, les inscriptions étaient inférieures à 70 pour cent, et seuls 1 000 étudiants s’étaient inscrits pour les examens d’hiver dans une ville comptant 110 000 habitants.
Les maternelles ont été autorisées à fonctionner dans des abris contre les bombardements et des bâtiments protégés, mais la municipalité d’Ashkelon a décidé de ne pas les rouvrir.
Moshe Yanay, directeur du département de l’éducation à Ashkelon, a déclaré à IRIN : « Nous avons uniquement autorisé les lycéens préparant le Bagruiot à reprendre les cours, et nous autorisons les cours dispensés dans des abris contre les bombardements. Nous apportons une importante assistance psychologique aux enfants et aux enseignants qui tâchent de surmonter la peur et le traumatisme ».
Renforcer les centres de traitement du traumatisme
Dans quelque 15 municipalités du nord et du centre du pays, les services d’aide sociale ont décidé de dépêcher des équipes de psychologues et de travailleurs sociaux pour renforcer les centres de traitement du traumatisme situés dans le sud, désormais ouverts 24 heures sur 24.
Rita Pavlov, psychologue à Netanya, a travaillé pendant six heures dans un de ces centres à Netivot, où elle a conseillé des enfants et des parents. « Il est vital que les parents procurent un sentiment de sécurité et d’amour à leurs enfants dans une telle situation. Nous entendons beaucoup de témoignages de régression des enfants, d’enfants qui urinent au lit, de cauchemars, de refus de quitter [les] parents ou de s’aventurer à l’extérieur ; autant de symptômes d’un traumatisme, toutefois guérissables ».
Selon un travailleur social local de Netivot, se basant sur sa récente expérience, les jeunes enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables au traumatisme et au stress.
D’après les spécialistes du traumatisme, il est trop tôt pour déterminer l’impact total du bombardement sur les enfants.
Sdérot est depuis huit ans la cible de tirs de roquette depuis Gaza. D’après un rapport de janvier 2008 publié par le Centre israélien de traitement du traumatisme chez les victimes de la terreur et de la guerre (Natal), au minimum 75 pour cent des enfants de Sdérot âgés de quatre à 18 ans souffrent de stress post-traumatique, y compris de troubles du sommeil et d’anxiété sévère.
Le Natal assure désormais une assistance téléphonique à grande échelle destinée aux personnes traumatisées. Le centre a noté une augmentation significative (50 pour cent) du nombre d’appels passés par les enfants eux-mêmes depuis le début de l’offensive.
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