Incertitudes persistantes sur la trêve nord-sud

Quatre ans après qu’un accord de paix eut mis fin à plusieurs années de conflit entre le Nord et le Sud du Soudan, la mise en œuvre lente de ses principales dispositions suscite des craintes que les progrès généraux ne risquent d’être paralysés.

Publié le 14 janvier 2009 Lecture : 5 minutes.

« La question la plus importante est celle de la démarcation des frontières », a expliqué Wol Deng Atak, législateur au Sud-Soudan. « Et puis, il y a la question d’Abyei et des élections ».

L’Accord de paix global (CPA) a été signé le 9 janvier 2005 à Nairobi. Il a mis fin à deux décennies de guerre civile qui avaient fait plusieurs millions de morts et de déplacés et laissé la majeure partie du Sud-Soudan en ruines.

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L’accord prévoyait une période transitoire de six ans au cours de laquelle le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) devait se joindre au Parti du Congrès national (NCP), au pouvoir, pour former un gouvernement d’union nationale.

Le SPLM a également formé un gouvernement dans le sud, et un recensement a été prévu dans l’ensemble du pays à l’approche des scrutins présidentielles et parlementaires, et des élections législatives étatiques, en 2009.

En 2011, un referendum est prévu sur l’indépendance du Sud. Le recensement s’est achevé en 2008 et les résultats sont à paraître, que certains méridionaux contestent néanmoins déjà. En outre, les difficultés logistiques des élections menacent de mettre en échec le processus, a averti Refugees International dans un rapport.

« Nous nous attendions à recevoir les résultats du recensement en décembre », a expliqué M. Atak. « Décembre est passé. Les élections sont proches, comme vous pouvez le voir, et les circonscriptions électorales n’ont pas été définies ».

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Un des principaux points de désaccord du CPA concerne le statut de la région d’Abyei, riche en pétrole. La région s’est vu accorder un statut administratif spécial et elle a le choix de décider, par un référendum prévu pour 2011, d’être intégrée ou non au Sud.

« Quatre ans après le début de la période transitoire de six ans, prévue par le CPA, le cessez-le-feu est toujours en vigueur… le nouveau gouvernement du Sud-Soudan est financé par les richesses pétrolières [et les adversaires d’autrefois se partagent le pouvoir au sein d’un gouvernement d’union nationale », indiquait un rapport publié par Chatham House, cellule de réflexion londonienne. « Mais les lacunes du CPA sont aujourd’hui flagrantes ».

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Ainsi, selon le rapport, publié le 9 janvier, les parties au CPA ont cherché des garanties militaires pour pouvoir préserver leurs acquis, en utilisant les richesses pétrolières pour constituer des armées. Les retards accumulés pendant l’organisation des élections ont également provoqué des difficultés complexes.

Les défis à relever

Le quatrième anniversaire du CPA a été marqué le 9 janvier par une cérémonie, organisée dans la ville de Malakal. Quelque temps plus tôt, le premier vice-président soudanais et le président du gouvernement du Sud-Soudan, Salva Kiir Mayardit, avaient dressé un tableau relativement optimiste.

« Tandis que nous commençons à envisager notre vie au cours de cette nouvelle année, il importe également que nous regardions en arrière pour évaluer ce que nous avons accompli en tant que citoyens et en tant qu’institutions, en 2008 », a déclaré M. Kiir à la nation, au cours de son allocution du nouvel an. « Un accomplissement important a été de réussir à préserver la paix et la stabilité grâce à l’Accord de paix global. Si nous revenons sur l’époque qui a précédé le CPA, nous pouvons dire avec certitude que nous sommes aujourd’hui plus en paix et plus en sécurité ».

Dans un message prononcé pour marquer cette journée, la Mission des Nations Unies au Soudan a félicité les parties au CPA, mais elle a averti que des difficultés les attendaient, notamment avec les élections, la délimitation des frontières et la démobilisation. Elle a appelé à un engagement redoublé de la part des parties et de la communauté internationale.

Des sources du SPLM se sont en revanche plaintes que le parti au pouvoir avait ignoré les lois sur la liberté de la presse, sur les droits civils et la sécurité nationale à l’approche des élections.

En outre, ont-elles demandé, un scrutin crédible peut-il être tenu sans que la frontière ait été préalablement démarquée ? La résolution de la crise d’Abyei, la démarcation de la frontière et le passage de la loi sur le référendum sont toutes des questions en suspens.

« De nombreux processus critiques et interconnectés sont groupés à la fin de la période transitoire [entre janvier 2009 et juillet 2011] », selon Chatham House. « En raison des retards enregistrés dans la mise en œuvre, les programmes des deux prochaines années sont très chargés ».

Le CPA, a par ailleurs noté l’organisme, n’a pas tenu compte du Darfour. Si le CPA n’a pas été conçu pour traiter la question du conflit au Darfour, il devait être le précurseur d’un accord parallèle sur cette région.

Selon les analystes, le Darfour a d’autres conséquences sur le sud. Avec la guerre au Darfour, il serait en effet difficile de tenir des élections crédibles.

Les points positifs

Quand bien même, selon les analystes, de nombreux progrès ont été accomplis cette dernière année ; probablement plus qu’en 2007. Les soldats du nord, par exemple, se sont retirés du sud, à l’exception de quelques régions frontalières contestées.

L’année dernière, les fusils du nord et du sud étaient encore braqués les uns sur les autres dans les régions frontalières. Le CPA, qui porte création de deux armées séparées, prévoyait le retrait des 91 000 soldats nordistes du sud avant le 9 juillet 2007.

L’accord prévoyait aussi le redéploiement des Forces armées du Soudan (SAF) au nord de la frontière de 1956 en cinq étapes et le retrait de leurs forces du sud, en plusieurs phases – de 14 pour cent en un an, de 19 pour cent en un an et demi et de 22 pour cent en deux ans. Le reste se retirerait avant le 9 juillet 2007.

Selon certaines sources, toutefois, environ 18 000 soldats nordistes se trouvaient encore dans les zones riches en pétrole en janvier 2007. Les célébrations de 2008 ont donc eu lieu sur fond d’accusations proférées par le sud, selon lesquelles les SAF massent leurs troupes au Sud-Kordofan, ainsi que dans les régions du Nil bleu et d’Abyei.

Un calme relatif règne néanmoins dans la zone d’Abyei depuis mai, tandis que la région est dans l’attente d’une réponse à la demande d’arbitrage international déposée auprès du tribunal de La Haye (une évolution qui a ouvert la perspective d’une résolution pacifique).

Chatham House a appelé la communauté internationale à « se réengager d’urgence », pour aider à mettre en œuvre le CPA. Un échec, a averti l’organisme, pourrait aboutir au type d’effondrement observé au Darfour, région déchirée par la guerre.

Les dirigeants locaux du Sud-Soudan ont expliqué que le calme relatif leur avait permis de commencer à s’intéresser aux domaines de la santé, de l’éducation, à d’autres services sociaux et à répondre aux besoins des rapatriés en matière de réinstallation.

« Une grande partie de la population n’est pas encore réinstallée », a indiqué à IRIN Rose Bako, membre du Parlement du Sud-Soudan, à Juba.

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