Au Gabon, Jean Ping (ré)écrit l’histoire en mode blockbuster

Candidat malheureux à la présidentielle de 2016, Jean Ping affirme que Jean-Yves Le Drian et Ali Bongo Ondimba auraient personnellement supervisé l’attaque de son QG en hélicoptère.

© Damien Glez

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Publié le 4 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

« Vous savez, Ali est venu dans un hélicoptère. J’ai appelé ça la nuit des longs couteaux […] Au cours de cette nuit, il est venu lui-même dans un hélicoptère Puma avec un bazooka […] Et ils ont tiré à la mitrailleuse lourde dans mon QG. Vous allez peut-être être surpris, mais il était avec Le Drian. » La déclaration est de l’opposant gabonais Jean Ping, ce 1er juillet, lors d’une allocution adressée à la diaspora, à l’hôtel Pullman de Paris-La Défense. Celui qui se qualifie de « président majoritairement élu » n’a pas tort sur un point : l’auditoire semble surpris, si l’on en croit les murmures qui suivent ce qui est présenté comme une révélation…

C’est au lendemain de la réélection d’Ali Bongo Ondimba – le « Ali » qu’il décrit dans un hélicoptère –, que Jean Ping avait affirmé, en 2016 sur France 24, que son quartier général avait été pris d’assaut par des militaires, dans la nuit du 31 août au 1er septembre, et que deux personnes avaient été tuées. Il soutient aujourd’hui que les assaillants auraient « même percé les faux plafonds », en espérant le débusquer. Selon lui, son adversaire aurait instruit les gens de lui « trancher le cou à la hache » et d’exhiber sa tête « sur un piquet ».

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Décrédibiliser les futurs scrutins

Comme le clan Gbagbo à la chute de l’ancien président ivoirien bunkérisé, la dénonciation d’une élection jugée truquée s’accommode bien d’un relent de complot français. En 2016, Jean-Yves Le Drian était ministre français de la Défense d’un chef de gouvernement, Manuel Valls, qui avait déclaré plus tôt, qu’Ali Bongo Ondimba n’avait pas été élu « comme on l’entend ».

Si Jean Ping revenait, le 1er juillet, sur ce qu’il qualifie de « sauvagerie innommable » – il évoque des « pogroms » –, c’était pour décrédibiliser, par avance, les scrutins à venir : « Dans le contexte sociopolitique actuel du Gabon, des élections, pour quoi faire ? Pour qu’il y ait encore des tueries qui paralysent davantage le pays, et pour combien de morts encore ? Vous savez bien que s’ils planifient les élections, ce n’est pas pour les perdre. […] La question des élections programmées divise aujourd’hui les Gabonais. C’est sur la base de ce clivage compréhensible qu’est certainement née l’idée d’une indispensable transition. »

Une transition dont il ne serait pas le promoteur mais pour laquelle il indique qu’il pourrait « être prêt », soulignant, avec une modestie affectée, qu’il n’est qu’un « passeur entre deux mondes », cherchant à « contribuer à la solution »… Sans élections, quel chemin pourrait donc conduire à ce nouveau monde, dans l’esprit de Jean Ping ?

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