Au Soudan, l’armée appelle une nouvelle fois les civils à l’aide

Les combats ont repris à Khartoum ce 3 juillet entre l’armée et les troupes de Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti. Au point que les militaires fidèles au président al-Burhane ont une nouvelle fois appelé la population à combattre à leurs côtés.

Des Soudanais fuyant Khartoum arrivent à Gadaref, dans l’est du pays, le 3 juillet 2023. © AFP

Publié le 3 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

Khartoum a de nouveau été la cible, ce 3 juillet, de tirs d’artillerie lourde des paramilitaires et de l’armée assaillie sur plusieurs fronts, et qui réclame une nouvelle fois le renfort des civils dans une guerre sans issue qui dure depuis près de trois mois. Plusieurs millions d’habitants sont encore bloqués dans la capitale soudanaise, sans eau, sans électricité et avec des réserves de vivres et d’argent quasiment à sec.

La guerre sans merci pour le pouvoir qui oppose l’armée dirigée par le général Abdel Fattah aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo a fait près de 3 000 morts et 2,8 millions de déplacés et de réfugiés depuis son déclenchement, le 15 avril dernier.

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La crise humanitaire se cesse de s’aggraver dans un pays où, avant la guerre déjà, une personne sur trois souffrait de la faim. Elle menace aussi de déstabiliser toute une région à cheval entre le Sahel, la Corne de l’Afrique et le Moyen-Orient, des zones déjà elles-mêmes en prise avec la violence.

« Préparer » les civils au combat

Mais les deux belligérants n’ont cessé d’ignorer les appels au cessez-le-feu venus de partout dans le monde. Certains de pouvoir l’emporter militairement, les deux camps refusent d’ouvrir des négociations et préfèrent plutôt assurer leur approvisionnement sur le temps long. L’armée s’est ainsi dite prête à « recevoir et préparer » des combattants volontaires. La question de l’armement des civils, qui plongerait le pays dans la guerre civile, nourrit les débats depuis des semaines.

Le gouverneur du Darfour, région de l’ouest déjà ravagée par la guerre dans les années 2000, puis le général Burhane n’ont pourtant pas hésité tous les deux à appeler à distribuer des armes. Les « jeunes et les hommes qui en sont capables » doivent s’enrôler, a ainsi lancé le chef de l’armée dans son discours à la nation pour la fête musulmane de l’Aïd al-Adha. Au Darfour, région grande comme la France et frontalière du Tchad, des civils armés ont déjà participé aux combats, de même que des combattants tribaux.

Là,  la guerre prend une « dimension ethnique » et les exactions commises – principalement par les FSR et des milices arabes alliées contre des civils non-arabes – pourraient être des « crimes contre l’humanité », selon l’ONU. Les Janjawids, des miliciens arabes qui forment le gros des troupes des FSR, avaient mené sous le commandement du général Dagalo la politique de la terre brûlée au Darfour, pillant, violant et tuant des membres d’ethnies non-arabes pour le compte du dictateur Omar el-Béchir, dans les années 2000.

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Aujourd’hui sous le feu des critiques, les FSR tentent de donner des gages d’apaisement. Après avoir annoncé la formation de cours martiales d’urgence, elles annoncent vouloir particulièrement sanctionner « les pillages, le vandalisme et surtout les vols des voitures de civils », alors que des vidéos de combattants faisant sortir de force des familles de leur véhicule inondent les réseaux sociaux. Les FSR sont aussi accusés du « vol » de maisons et de l’expulsion de leurs habitants.

(Avec AFP)

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