« Effondrement » des systèmes d’eau et d’assainissement à Gaza
Les Nations Unies ont prévenu que les réseaux électriques étaient hors d’usage le 4 janvier dans de larges secteurs de la bande de Gaza et que les hôpitaux ne fonctionnaient plus que grâce à des groupes électrogènes. Les pompes n’étant plus alimentées, 70 pour cent des habitants de Gaza, selon les estimations, sont privés d’eau courante.
D’après le dernier rapport (daté du 4 janvier) du coordinateur humanitaire des Nations Unies dans Territoires palestiniens occupés, Israël bloque l’approvisionnement en carburant, et les stocks s’amenuisent.
L’organisation non gouvernementale israélienne Gisha a déclaré que sept des 12 lignes électriques de l’enclave (les 12 lignes fournissent normalement quelque 70 pour cent de l’électricité de Gaza) étaient à l’arrêt, et averti que l’absence d’alimentation électrique provoquait des montées d’eaux usées dans les zones habitées et les terres agricoles. Le risque d’inondation soutenue persiste.
« Le système d’approvisionnement en eau et le réseau d’assainissement de Gaza se dégradent, privant les habitants d’eau et provoquant des inondations dans les rues », a déploré Maher al-Najjar, directeur adjoint de la société de gestion de l’approvisionnement en eau (CMWU) de Gaza.
Ce dernier a ajouté que 48 des 130 puits de Gaza étaient totalement à l’arrêt en raison de la coupure d’électricité et de tuyaux endommagés. « Au minimum 45 puits supplémentaires ne fonctionnent que partiellement, et sont susceptibles de cesser de fonctionner au cours des prochains jours à défaut d’approvisionnement en carburant et en électricité », a affirmé M. al-Najjar.
Les sanctions imposées sur Gaza par Israël, qui incluent de sévères restrictions sur les importations, ont provoqué durant quelques temps une pénurie de pièces détachées, qui est venue aggraver les problèmes actuels.
Les chirurgiens du CICR bloqués
Dans l’intervalle, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à Genève, a déclaré qu’un approvisionnement en matériel médical, notamment en sang, en médicaments et en produits tels que des sacs mortuaires, était nécessaire. Le CICR n’a pu envoyer son équipe de chirurgiens à Gaza, en raison de la fermeture du point de passage d’Erez par Israël. L’équipe du CICR essayait d’y pénétrer depuis la semaine précédente, avant le lancement d’une invasion terrestre par Israël, mais s’est retrouvée bloquée.
Au terme d’une semaine de frappes aériennes sur l’enclave côtière, les Israéliens ont lancé le 3 janvier une offensive terrestre : des obus ont été tirés, puis des troupes dépêchées à Gaza.
Depuis le début de l’offensive, le 27 décembre, on recense plus de 515 victimes côté palestinien, dont un quart de civils d’après les estimations de l’ONU, et quatre victimes côté israélien, dont trois civils. Les Israéliens ont été tués par des tirs de roquette palestiniens.
Israël a expliqué que l’opération avait été lancée pour contenir les tirs de roquette et de mortier provenant de l’enclave.
Depuis le début de l’offensive terrestre, les déplacements au sein de l’enclave sont devenus plus difficiles. Les citoyens ont peur de s’aventurer à l’extérieur. Un travailleur humanitaire a expliqué que certaines personnes avaient peur de faire la queue pour obtenir du pain, de crainte de se faire surprendre par des tirs aériens.
Selon le CICR, dans le nord de Gaza, une femme n’ayant pu se rendre à l’hôpital a mis au monde un enfant mort-né et souffert d’une rupture de l’utérus.
Un auxiliaire médical a été tué le 4 janvier lorsque son ambulance a été frappée par un obus israélien, selon Oxfam. L’incident a blessé deux autres personnes, dont une a perdu un pied.
Un porte-parole du CICR à Genève a souligné la nécessité de protéger les installations sanitaires et le personnel médical et de laisser ces derniers faire leur travail librement.
Selon les organisations humanitaires, un grand nombre de personnes décédées et blessées arrivent dans des hôpitaux incapables de faire face, notamment à cause des pénuries dans l’enclave découlant de la fermeture par Israël des points de passage vers Gaza. Dans le sud, le point de passage de Rafah séparant la bande de Gaza de l’Égypte est également totalement fermé.
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