En Libye, les menaces du maréchal Haftar face à la gabegie financière

L’homme fort de l’Est du pays veut une gestion équitable des fonds publics grâce à une répartition des revenus pétroliers. Faute de quoi, l’armée pourrait intervenir.

Khalifa Haftar après un discours lors d’un rassemblement marquant le 71e anniversaire de l’indépendance du pays par rapport à l’Italie, dans la ville orientale de Benghazi, le 24 décembre 2022. © Abdullah DOMA / AFP

Publié le 4 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

Le 3 juillet, Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est de la Libye a annoncé la création d’une « Haute commission chargée de mettre en place les dispositions financières en vue d’une gestion équitable des fonds publics » et des revenus pétroliers. Devant des officiers de son armée réunis au quartier général de Rajma (25 km à l’est de Benghazi), le maréchal a annoncé « un délai jusqu’à fin août pour que cette commission complète sa mission ». Faute de quoi, « les forces armées seront prêtes à répondre aux instructions le moment venu », a-t-il prévenu sans donner plus de précisions.

Chaos

Dotée des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et secouée par des divisions entre l’est et l’ouest du pays. Deux gouvernements s’y disputent le pouvoir depuis plus d’un an : l’un installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU dirigé par Abdelhamid Dbeibah, l’autre dans l’Est, soutenu par le très puissant maréchal Khalifa Haftar.

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Les recettes du pétrole, principale source de revenus du pays et très souvent au cœur des querelles entre camps rivaux, sont en revanche gérées par la Compagnie nationale de pétrole et la Banque centrale, basées à Tripoli.

Le 24 juin, Oussama Hamad, chef du gouvernement parallèle installé dans l’Est, avait menacé de bloquer les exportations d’hydrocarbures, exigeant une saisie des revenus pétroliers gérés par ses rivaux dans l’Ouest.

Ingérence

Dans un message fin juin sur Twitter, l’ambassadeur des États-Unis Richard Norland a « exhorté les acteurs politiques libyens à renoncer aux menaces d’un blocage pétrolier, hautement néfaste à l’économie libyenne et aux Libyens ». Le message de Washington a été mal reçu par le camp de l’Est, qui y voit une ingérence dans les affaires internes des Libyens, et qualifié « d’insulte » par le maréchal Haftar.

« Les ambassadeurs de certains pays, surtout le dénommé Norland (…) ont échoué à contribuer à la solution de la crise libyenne et ont, au contraire, approfondi les différends entre Libyens », a-t-il lancé lors de son discours diffusé lundi par la chaîne Libya al-Hadath. « Cessez de fourrer votre nez dans les affaires des Libyens », qui finiront par s’entendre sans vos « ingérences », a-t-il fustigé sous les applaudissements de ses officiers.

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(Avec AFP)

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