Un accord politique n’enrayera pas l’épidémie de choléra

Nelson Chamisa, porte-parole national du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a minimisé la capacité de son parti à réduire rapidement le taux de mortalité associé au choléra si le parti était amené à rejoindre le gouvernement sur le champ.

Publié le 5 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

M. Chamisa a déclaré que si son parti signait l’accord de partage du pouvoir proposé, il ne détiendrait toujours pas de « véritable pouvoir » pour contribuer à la résolution de la crise humanitaire.

Tandis que d’après l’Organisation mondiale de la Santé, le nombre de victimes du choléra a pratiquement atteint la barre des 1 600, se chiffrant à plus de 40 décès en deux jours, les organismes d’aide humanitaire insistent sur la nécessité de mettre un terme aux incertitudes politiques qui durent depuis plusieurs mois et ont rendu difficile la levée de fonds pour remettre le pays d’aplomb.

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Selon le Programme alimentaire mondial, au minimum 5,5 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, auront besoin d’une aide alimentaire au cours du premier trimestre 2009.

La situation concernant la sécurité alimentaire, le choléra et les problèmes politiques est exacerbée par l’hyperinflation et l’effondrement généralisé des infrastructures. L’accord de partage du pouvoir conclu en septembre 2008 entre la ZANU-PF, le parti au pouvoir, et le MDC, par l’intermédiaire de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), est dans l’impasse.

« La situation politique compromet sérieusement la situation humanitaire », a affirmé Georges Tadonki, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Zimbabwe. « L’ONU travaille activement à tous les niveaux pour obtenir un accord politique, désormais extrêmement urgent en raison de l’épidémie de choléra ».

Un accord de partage du pouvoir

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La SADC a affirmé que le MDC devait signer le pacte de partage du pouvoir. « Le MDC sera ensuite en position de prendre les premières mesures pour aider le pays à se sortir de la crise humanitaire, qui requiert désormais toute notre attention », a affirmé Thabo Masebe, porte-parole de Kgalema Motlanthe, président de l’Afrique du Sud et président en exercice de la SADC.

M. Chamisa a expliqué qu’un amendement à la Constitution qui entérinerait l’accord de partage du pouvoir signé en septembre 2008 entre le président Robert Mugabe, chef du parti ZANU-PF, Morgan Tsvangirai, chef du MDC et Arthur Mutambara, qui dirige un parti dissident du MDC, n’entrerait en vigueur qu’après sa ratification par le Parlement, qui ne siègera pas avant le 20 janvier.

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« Si nous rejoignons le gouvernement aujourd’hui, nous n’aurons aucun pouvoir. Nous n’avons pas encore été habilités », a commenté M. Chamisa. « Nous ne souhaitons pas être l’instrument d’un gouvernement qui n’a pas manifesté le véritable souhait de partager le pouvoir ».

Enlèvements

L’enlèvement récent d’activistes du MDC, vraisemblablement par l’organe de sécurité national, a également attisé les tensions.

« M. Tsvangirai a déclaré qu’il demanderait au conseil national de voter une rupture de l’accord si les enlèvements des membres et activistes de notre parti ne cessent pas, et si toutes les personnes détenues par des représentants de l’État n’ont pas été libérées d’ici le 1er janvier », a dit M. Chamisa.

Jestina Mukoko, directrice du Projet pour la paix au Zimbabwe, un groupe local de défense des droits humains, portée disparue depuis le début du mois de décembre à l’instar de huit autres activistes, a été accusée la semaine dernière d’avoir recruté des Zimbabwéens pour un entraînement militaire visant à renverser le gouvernement de M. Mugabe. En dépit d’une décision du tribunal de première instance ordonnant la libération des activistes, ceux-ci sont toujours en détention.

Devant la non-application de la décision de justice, M. Masebe, porte-parole de M. Motlanthe, a déclaré : « nous affirmons que le MDC doit faire partie du gouvernement d’union ».

L’attribution des postes de gouverneurs et des portefeuilles ministériels clés est cependant à la base de la réticence du MDC à signer l’accord.

« Toutes ces questions peuvent être résolues en quelques minutes s’il existe une volonté politique », a souligné M. Chamisa. « Nous souhaitons avoir les moyens de procéder à un réel changement de gouvernance, et non pas faire partie d’un acte symbolique ».

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