Accroître la production de maïs pour éviter la crise alimentaire

Toujours accablés par les prix élevés des vivres, la plupart des Camerounais se tournent vers le maïs, aliment de base le plus abordable. Mais selon une organisation non-gouvernementale (ONG) locale, cette demande croissante, conjuguée à des coûts de production élevés (qui seraient encore alourdis par des détournements de fonds) risque de provoquer une insécurité alimentaire grave.

Publié le 16 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Une ONG locale appelle le gouvernement à aider les producteurs de maïs à accroître leur production. « Le Cameroun connaîtra sa crise alimentaire la plus grave en 2009 », si le pays n’augmente pas la production de 120 000 tonnes, a-t-elle averti dans un rapport publié récemment. Ce chiffre repose sur les besoins alimentaires nationaux, tels qu’ils ont été estimés par le ministère de l’Agriculture, a confirmé un responsable du ministère.

« Le pays tout entier encourerait, si rien n’est fait pour accroître la production de cette céréale, de graves dangers notamment le renchérissement du coût de la vie et une forte probabilité d’émeutes et de révoltes de la faim», a indiqué l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (ACDIC) dans son rapport.

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Un responsable du ministère de l’Agriculture s’est fait l’écho de ces préoccupations. « Cela fait plusieurs mois que nous attirons l’attention du gouvernement sur cette question », a indiqué à IRIN Sikapin Paul, coordinateur du programme ministériel de production de maïs.

En février, une quarantaine de personnes ont trouvé la mort au Cameroun, au cours d’émeutes en partie déclenchées par le coût élevé de la vie.

Le gouvernement subventionne la production de maïs, mais selon les experts, l’aide apportée est bien loin de répondre aux besoins. Globalement, le gouvernement consacre 2,4 pour cent du budget national au ministère de l’agriculture; ce budget sert au fonctionnement du ministère et aux projets agricoles.

Le maïs, céréale la plus cultivée au Cameroun, est consommé régulièrement par quelque 12 millions de personnes, soit les deux tiers de la population. Le prix du maïs a doublé cette dernière année, pour atteindre environ 230 francs CFA (47 centimes de dollar) le kilo.

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Malgré tout, les prix de la plupart des vivres ayant augmenté aussi, le maïs reste parmi les aliments de base les plus abordables pour les ménages. « Je préfère acheter deux kilos de maïs, ce qui suffit pour faire un repas pour quatre personnes, plutôt que 500 francs CFA (un dollar) de pommes de terre », a déclaré à IRIN Damen Nicole, femme au foyer. 

Fourrage

Le maïs compose également 70 pour cent des aliments pour volaille. La demande en aliments pour volaille est montée en flèche cette année, lorsque la production avicole (qui avait chuté en raison de la crise de grippe aviaire de 2006) a repris, en mars. Selon l’ACDIC, la demande en maïs pour nourrir la volaille a fait un bond de 40 pour cent en moins d’un an. 

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Certains fermiers avicoles ont dû abattre un certain nombre de leurs bêtes, n’étant plus en mesure de les nourrir. « Le nombre de poules que j’ai dans ma ferme a diminué de 30 pour cent », a indiqué à IRIN Djeukeu Patrice, un fermier avicole de Douala. « Avec les mêmes revenus, je ne peux plus en nourrir autant qu’avant ».

D’après l’ACDIC, le maïs est la principale source de revenus de plus de trois millions de petits exploitants camerounais. Mais en raison du prix élevé des engrais et des pesticides, et du manque d’équipement moderne, a indiqué l’organisme, les producteurs de maïs n’en tirent que de maigres revenus.

Corruption ?
 
En outre, l’usage frauduleux des fonds agricoles grève d’autant plus les ressources des producteurs de maïs, a affirmé l’ONG locale, dans son rapport.

L’organisme soutient que sur 805 millions de francs CFA (1,6 million de dollars) de subventions allouées à la production de maïs pour 2008, 62 pour cent ont été détournés par les employés du ministère de l’Agriculture.

L’ACDIC a déclaré avoir mené des recherches sur une liste de bénéficiaires, et découvert que certains des organismes répertoriés n’existaient pas, et que d’autres avaient reçu une somme inférieure au montant indiqué dans les registres publics. « Certains fonctionnaires du ministère de l’Agriculture ont créé des [coopératives] fictives pour détourner ces fonds », a indiqué Bernard Njonga, président de l’ACDIC. Le ministère de l’Agriculture a rejeté cette accusation.

« Ce sont des allégations mensongères et grossières», a déclaré M. Sikapin à IRIN.

Le 11 décembre, les forces de sécurité ont arrêté et détenu pendant plusieurs heures M. Njonga ainsi que plusieurs autres activistes, qui manifestaient à Yaoundé, la capitale, pour protester contre la corruption au ministère de l’Agriculture.

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