Les Nations Unies lancent un appel de fonds record pour financer l’aide humanitaire
Les Nations Unies ont sollicité la somme record de sept milliards de dollars pour aider 30 millions de personnes en Afrique et au Moyen-Orient. « Ces fonds servent à maintenir des populations en vie », a déclaré John Holmes, secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, à l’occasion du lancement du processus d’appels consolidés (CAP), à Genève, le 19 novembre.
Les affrontements en République démocratique du Congo (RDC), un pays déchiré par le conflit depuis plus de dix ans, et pour lequel les Nations Unies demandent 831 millions de dollars, et le sort qui continue d’accabler le Soudan, pour lequel les Nations Unies et les organisations humanitaires ont besoin d’un peu plus de deux milliards de dollars, ont lourdement pesé dans le cadre de l’appel, de même que la Somalie, pour laquelle 919 millions de dollars ont été demandés.
« Plus de 100 000 enfants sont en fuite avec leurs familles dans les Kivu », a indiqué Hilde Johnson, directrice adjointe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), au sujet de cette région agitée de la RDC. Au total, environ 1,3 million de personnes ont été déplacées au Congo, dont 250 000 depuis la reprise des violences, en août.
« La situation humanitaire est extrême en RDC », a également déclaré Elisabeth Rasmusson du Norwegian Refugee Council, ajoutant que même dans les zones où les organisations humanitaires pouvaient opérer, l’aide apportée restait insuffisante. « C’est pour cela que les financements [sollicités dans le cadre des appels] sont cruciaux », a-t-elle souligné.
Ces appels réunissent 360 agences des Nations Unies et organisations non-gouvernementales (ONG) implantées dans 31 pays, essentiellement en Afrique. Au Moyen-Orient, 462 millions de dollars sont nécessaires dans les Territoires palestiniens occupés, en plus de 547 millions de dollars pour l’Irak.
Au Soudan, comme en Somalie, les besoins du Programme alimentaire mondial (PAM) représentaient la moitié des sommes sollicitées. Au Zimbabwe, dont les populations souffrent d’une pénurie alimentaire grave, 57 pour cent des fonds étaient réservés au PAM.
Le sort des populations de?Somalie s’est considérablement aggravé cette année, le nombre de personnes dans le besoin ayant quasi doublé pour passer de 1,8 à 3,2 millions. La malnutrition est un problème de plus en plus grave chez les enfants, mais en raison de fréquentes attaques, la capacité des travailleurs humanitaires à se rendre auprès des populations dans le besoin reste limitée.
Même constat au Darfour, où 280 000 personnes ont été déplacées au cours des neuf premiers mois de l’année et où les travailleurs humanitaires continuent d’être la cible d’attentats de plus en plus fréquents.
Engagement politique
« Nous avons besoin d’un engagement politique », a déclaré Mme Johnson. « Mais il n’est pas possible de réussir sur le plan politique sans ressources et sans aide ».
Il faut « résoudre les conflits, afin que nous ne soyons pas obligés de lancer de nouveaux appels », a estimé M. Holmes, notant que des progrès avaient été réalisés dans plusieurs pays, dont le Népal, le Burundi et la Sierra Leone, et que ceux-ci avaient dès lors été retirés de la liste des pays bénéficiaires du CAP.
M. Holmes a souligné que les bailleurs devaient se montrer généreux, tout en ajoutant que rien ne portait encore à croire que la crise financière mondiale aurait des conséquences sur l’appel. Les perspectives pour 2010 deviennent néanmoins plus inquiétantes à mesure que l’économie réelle commence à ralentir.
Il est avant tout important d’assurer que les populations les plus vulnérables ne soient pas livrées à leur sort, ont souligné Mme Johnson et M. Holmes, ajoutant que la récession risquait d’entraîner une augmentation de la charge humanitaire et peut-être de nouvelles crises.
Les pays pauvres risquent de lutter pour pouvoir financer leurs importations de vivres, et la sécurité alimentaire reste une des principales préoccupations dans le cadre de l’appel pour l’Afrique de l’Ouest. En termes de secteurs, le redressement économique, l’agriculture, la santé et le déminage restent en grande partie sous-financés, tandis que 86 pour cent du budget consacré à l’aide alimentaire a été accordé.
À l’autre extrémité du spectre, seuls six pour cent des dons requis pour assurer la sécurité du personnel ont été accordés. En 2008, les principaux bailleurs à s’être engagés auprès des 25 millions de bénéficiaires étaient les Etats-Unis, l’Union européenne, la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite et le Japon.
Les Saoudiens sont les premiers bailleurs humanitaires en termes de pourcentage du PIB, puisqu’ils ont cédé l’équivalent de 0,16 pour cent de leurs revenus nationaux.
« Pour les pays riches, les sept milliards de dollars que nous avons demandés ne représentent que quelques centimes d’aide, sur 100 dollars de revenus nationaux », a rappelé M. Holmes.
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