Le Gabon fait-il vraiment face à une pénurie de sucre ?
Difficultés logistiques, projets en suspens et lourdes pertes… Malgré les obstacles, la Sucrerie africaine du Gabon (Sucaf), unique producteur de sucre du pays, entend doubler sa production annuelle.
Filiale sucrière de Somdiaa, acteur majeur de l’industrie agroalimentaire en Afrique, la Sucrerie Africaine (Sucaf) du Gabon est au cœur de l’actualité ces dernières temps. La raison ? Les difficultés d’approvisionnement des surfaces de vente de Libreville et des différentes provinces en sucre. Produit de première nécessité, le prix du paquet d’un kilogramme est passé de 925 francs CFA à 1 500 (de 1,4 euro à 2,3 euros) dans les circuits parallèles en quelques mois.
Alors que la Sucaf refuse de parler de « pénurie » et justifie l’indisponibilité du sucre par les difficultés logistiques pour l’acheminement des quantités produites, l’entreprise de transport ferroviaire qui achemine la denrée rejette toute responsabilité. Pilotée par Meridiam, la Comilog (filiale du groupe français Eramet) et l’État du Gabon, la société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) est montée au front : « Il n’y a aucun stock de sucre en souffrance dans les gares à transporter ».
Doubler la production
« Cette polémique est aujourd’hui derrière nous », explique à Jeune Afrique Donald Ollo Nguema, le directeur commercial et marketing de la Sucaf. En effet, une équipe interministérielle s’est déplacée dans la région du Haut-Ogooué pour superviser les installations de la Sucaf. « Notre usine tourne à plein régime, et près de 2 000 tonnes de sucre sont en attente d’acheminement pour approvisionner les marchés », souligne l’entreprise.
Unique sucrerie au Gabon, la société exploitait près 4 400 ha de plantations de cannes à sucre avant de se voir attribuer 8 751 hectares de terres supplémentaires par le gouvernement dans le Haut-Ogooué (Sud-est), en 2020. « Notre ambition est de doubler notre production annuelle, qui se situe aujourd’hui à près de 27 000 tonnes, pour atteindre des volumes beaucoup plus importants », souligne Donald Ollo Nguema.
Hémorragie financière
Producteur de sucre blanc et roux, dévolu exclusivement au marché gabonais et commercialisé sous la marque « Princesse Tatie », la Sucaf espère réajuster certains paramètres avec ses partenaires pour répondre à la demande locale. « Notre projet de développement ne se fera pas sans l’appui de l’État pour optimiser les conditions de production et d’acheminement du sucre », poursuit le directeur commercial et marketing de la Sucaf.
Si la société sucrière refuse de communiquer sur son chiffre d’affaires, elle reconnaît tout de même, de lourdes pertes financières. « L’entreprise est déficitaire et nous sommes confrontés à plusieurs difficultés financières : nos pertes se situent autour de 2 voire 3 milliards de francs CFA par an », affirme le responsable à Jeune Afrique.
Il explique cette situation par la hausse des coûts de production – notamment des matières premières – alors que le prix du sucre est plafonné par l’État entre 800 et 925 franc CFA le kilogramme. « Il faut s’asseoir autour de la table et discuter avec les autorités pour sortir de la crise », insiste notre interlocuteur.
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