Démantèlement d’un réseau de trafic humain
Le plus grand réseau de trafiquants d’êtres humains d’Israël vient d’être découvert : 12 membres du gang, tous des femmes, ont été arrêtés par la police, à Tel-Aviv, le 8 mars, à l’issue d’une opération d’infiltration qui aura duré deux ans. Les trafiquantes soupçonnées sont accusées d’avoir fait venir clandestinement des centaines de femmes de l’ancienne Union soviétique en Israël pour les faire travailler dans l’industrie du sexe.
La principale suspecte, qui entretient des liens étroits avec une des familles dites de la ‘mafia israélienne’, dirigeait le réseau en faisant appel à des rabatteurs dans divers pays tels que la Moldavie, la Biélorussie et l’Ukraine. Ceux-ci dupaient leurs jeunes victimes en leur promettant qu’elles pourraient travailler en Israël, comme danseuses ou serveuses dans des boîtes de nuit. Plusieurs d’entre elles ont déclaré avoir subi des traitements extrêmement durs et violents.
Elles étaient entrées en Israël via l’Egypte dans des circonstances dangereuses. Les organisations non-gouvernementales (ONG) d’aide aux femmes victimes de trafic ont notamment recueilli des témoignages de viols et de maltraitances infligées par des passeurs bédouins au cours de ce périple.
Les victimes subissaient ensuite de nouvelles maltraitances, infligées par leurs « propriétaires », en Israël, si elles se refusaient à travailler dans l’industrie du sexe dans des conditions strictes : elles étaient forcées de travailler 30 jours par mois sans rémunération jusqu’à remboursement de la somme payée pour elles par les souteneurs (somme qui variait d’une personne à l’autre). Selon un communiqué de presse de la police, plus de 2 000 femmes tombées entre les mains des trafiquants du réseau israélien ont été envoyées en Israël et à Chypre, sur une période de deux ans.
Les femmes victimes de trafic restent en danger
Si la police se targue de la réussite de son opération, certaines ONG telles qu’Isha L’Isha ou Atzum se disent inquiètes. Certains travailleurs humanitaires ont en effet expliqué à IRIN qu’ils s’inquiétaient avant tout à l’idée que les suspects essayent par tous les moyens de faire du mal aux femmes susceptibles d’avoir témoigné.
La police a déclaré détenir des enregistrements dans lesquels on entend la principale suspecte donner l’ordre d’infliger des sanctions physiques et même de tuer certaines femmes qui s’étaient refusées à travailler comme esclaves sexuelles, et a transmis ces enregistrements aux chaînes de télévision locales.
Selon les forces de police, une des femmes qui comptaient témoigner a été tuée par un chauffard qui a pris la fuite, en Ouzbékistan, il y a quelques mois.
Les efforts israéliens
Ces dernières années, selon Maître Naomi Levenkron, qui dirige le service de lutte contre la traite de Moked (une assistance téléphonique consacrée aux travailleurs migrants), les autorités israéliennes ont fourni d’importants efforts en vue de freiner la traite des femmes en Israël, prenant des mesures fermes contre les maisons closes, les clubs de strip-tease, les agences d’hôtesses, etc. et assurant la protection des femmes victimes de trafic qui acceptaient de témoigner contre les trafiquants.
Selon un rapport publié en 2009 par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et intitulé « Global Report on Trafficking in Persons » [Rapport mondial sur le trafic des personnes], Israël, la Turquie et la Thaïlande se « classent en tête de l’index des citations, en tant que pays de destination, par rapport au reste du monde » ; le rapport contient également des informations détaillées sur le trafic d’êtres humains en Israël, notamment des statistiques et une analyse portant sur la période 2003-2007.
En 2006, selon l’ONUDC, 318 cas de trafic ont fait l’objet d’enquêtes en Israël, et en 2007, 75 victimes de trafic, toutes des femmes, ont été accueillies dans des refuges en Israël.
En février 2004, Israël a ouvert le Maagan, un refuge pour femmes victimes de trafic, dans le centre du pays ; les femmes y sont soignées et peuvent y suivre des formations professionnelles. Plus de 30 femmes y sont actuellement hébergées.
Israël est également mentionné dans le rapport annuel du Département d’Etat américain sur le Trafic des personnes : il y était dit, en 2008, que le pays déployait toutefois des « efforts considérables » pour mettre fin au trafic.
« Nous applaudissons la police pour cette importante opération, qui a abouti à l’arrestation des 12 suspectes. J’espère qu’aucun mal ne sera fait aux femmes concernées par cette affaire. Nous espérons également que la cour ne fera preuve d’aucune indulgence envers les suspectes et qu’elle accordera aussi un dédommagement à ces femmes pour les souffrances et les dommages qui leur ont été causés », a dit à IRIN Rita Chaikin, coordinatrice des projets de soutien aux femmes victimes de trafic de l’ONG Isha L’Isha.
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