Des vies en jeu

Publié le 8 janvier 2009 Lecture : 3 minutes.

Les acteurs attendent, les lumières et micros sont allumés. Mais avant de dire « action », le réalisateur Célio Grandes Machado passe plusieurs minutes à réviser attentivement le scénario. Ntxuva – Vidas em Jogo (Ntxuva – Des vies en jeu), le premier feuilleton mozambicain produit localement, a un but éducatif, il ne peut pas se permettre d’écarts.

Dans les provinces de Maputo et de Gaza, Ntxuva est le nom d’un jeu populaire connu comme « le jeu d’échecs africain », qui se joue avec des cailloux sur un plateau en bois garni de trous, ou sur le sol.

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Le feuilleton, produit par le producteur privé Société indépendante de communication (SOICO), sera diffusé à partir de janvier 2009 avec pour objectif d’informer les Mozambicains sur différentes questions liées à la santé, en particulier le VIH et le sida, sous un angle ludique.

Grâce au soutien financier de l’ambassade américaine, le producteur a pu faire venir du Brésil des professionnels expérimentés et des équipements de qualité. CineVideo, une société brésilienne, produit des feuilletons extrêmement populaires dont certains sont déjà connus au Mozambique.

L’espoir est que ce partenariat permette de réaliser un feuilleton à Maputo, la capitale mozambicaine, d’une qualité égale à celle des feuilletons faits au Brésil. « Je suis très satisfait du résultat, et le fait de savoir qu’il y a un but social est encore plus plaisant », a dit M. Grandes, 51 ans, qui travaille comme réalisateur dans l’industrie du film et de la télévision au Brésil depuis 28 ans.

Les producteurs de Ntxuva – Vidas em jogo ont aussi fait venir au Mozambique la scénariste brésilienne Patricia Curti, afin qu’elle se familiarise avec la culture locale et trouve l’inspiration pour les personnages du feuilleton.

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Bien qu’un soin particulier ait été apporté à la valeur ludique de la série, une attention encore plus grande a été accordée à la qualité des messages éducatifs des 15 épisodes, pour s’assurer que ces messages touchent leur cible.

Plusieurs spécialistes du secteur de la santé ont été mis à contribution et un consultant en santé publique, Avertino Barreto, qui avait conseillé le ministère de la Santé sur son premier programme VIH/SIDA, a mené une analyse technique rigoureuse du scénario.

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L’acteur Vasco Condo, qui joue le rôle d’un infirmier nommé Chongo, a expliqué qu’il avait par exemple découvert l’importance non seulement de laver les légumes, mais aussi de les laisser tremper dans l’eau avec une cuillère d’eau de javel durant plusieurs minutes. « Avant, je me contentais de laver les légumes avec de l’eau courante. Maintenant, je sais que s’ils ne sont pas correctement lavés, ils peuvent entraîner des maladies comme le choléra ».

L’infirmier joué par M. Condo est l’un des principaux personnages du feuilleton, qui met en scène deux familles de classe moyenne vivant dans une banlieue de Maputo. Plus de 40 autres personnages permettent de donner vie à des sujets comme l’hygiène, la nutrition, la médecine traditionnelle, la sécurité routière et la drogue.

Chaque épisode se concentre sur un thème particulier, à l’exception du sida qui sera traité tout au long de la série. L’ancien travailleur minier Muvale et l’activiste Graça sont les protagonistes d’histoires couvrant les questions des préservatifs, de la stigmatisation, des traitements antirétroviraux et des relations au sein des couples sérodiscordants, dans lesquels l’un des partenaires est séropositif et l’autre séronégatif.

Après chaque épisode, un programme pré-enregistré sera diffusé, se fondant sur les témoignages de spécialistes et de célébrités pour élargir le sujet évoqué.

Ntxuva – Vidas em jogo est la dernière d’une série d’activités liées à la communication en matière de santé au Mozambique, qui a pour but de promouvoir les changements de comportement pour réduire le taux d’infection au VIH. Selon le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, 12,5 pour cent des adultes mozambicains vivent avec le virus.

Bien que les attentes liées au feuilleton soient importantes, des spécialistes ont souligné la nécessité de toucher aussi des populations qui n’ont pas accès à la télévision, à travers des partenariats avec des radios communautaires, des séances d’informations en langues locales, des sketches dans lesquelles les membres de la communauté peuvent intervenir, et une éducation par les pairs.

« L’information doit être transmise selon les coutumes, les particularités et les traditions de la vie quotidienne mozambicaine », a estimé Diogo Milagre, secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le sida.

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