Guillaume Soro sera-t-il inculpé en France pour la mort d’Ibrahim Coulibaly ?
La justice française enquête sur les conditions du décès d’« IB », un ex-chef rebelle ivoirien tué en 2011 à Abidjan. L’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara fait l’objet d’une plainte pour torture et assassinat.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 6 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.
Alors que la plupart des acteurs de la crise post-électorale ivoirienne de 2010 est revenue au bercail – certes avec des bonheurs variés –, Guillaume Soro continue son purgatoire. Condamné à la prison à perpétuité en Côte d’Ivoire et sous le coup d’un mandat d’arrêt international, celui qui fut deux fois Premier ministre est maintenant visé par une information judiciaire sur le territoire français.
Un juge d’instruction vient d’être désigné pour enquêter sur le décès du « Major » Ibrahim Coulibaly, le 27 avril 2011 dans une concession d’Abobo, et sur l’implication éventuelle de Soro dans cette mort violente.
Sur initiative de la fille de celui que l’on surnommait « IB », l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne et candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 fait l’objet d’une plainte pour torture et assassinat. L’avocat français de Guillaume Soro, Me Robin Binsard, dénonce une « procédure calomnieuse et politique, une tentative de réécriture mensongère de l’histoire ».
Commando invisible
Si Soro et Coulibaly étaient apparus comme partenaires dans la rébellion des « Forces nouvelles », en 2002, les deux hommes étaient progressivement entrés en conflit. Déjà acteur du renversement du président Henri Konan Bédié en 1999, IB avait ensuite été accusé en 2007 par les proches de celui qui est alors chef de gouvernement d’une tentative d’attentat, en juin, puis d’un nouvel essai de coup d’État, en décembre.
À la chute du président Laurent Gbagbo, en 2011, IB, alors à la tête d’un groupuscule surnommé le « commando invisible », avait refusé de rendre les armes et tenté de valoriser son rôle dans la victoire politique d’Alassane Dramane Ouattara. Le nouveau président ne lui avait néanmoins pas accordé d’audience. Après l’offensive menée le 27 avril par les forces d’ADO, le cadavre d’Ibrahim Coulibaly est exhibé dans la presse. Son frère Soualio et Issiaka Timité seront également tués.
Ibrahim Coulibaly a-t-il été abattu pour avoir « pris en otage toute une famille » et « réagi avec des tirs nourris », comme l’affirme la version officielle ? A-t-il été exécuté, voire torturé, alors qu’il avait l’intention de se rendre ? Pour évoquer cette journée du 27 avril 2011, sa fille parle d’une « traque » et d’un « guet-apens minutieusement préparé ». L’enquête française tentera d’en découvrir davantage. En attendant, elle fait l’effet d’un caillou dans la chaussure politique de Guillaume Soro, qui n’a pas renoncé pas à ses ambitions présidentielles.
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