En Tunisie, des migrants africains chassés de Sfax
La situation continue de se dégrader dans la ville côtière, où un Tunisien a été poignardé lors d’une rixe. Alors que les affrontements se multiplient, des migrants subsahariens auraient été conduits de force à la frontière libyenne.
Des dizaines de migrants africains ont été chassés de la ville tunisienne de Sfax qui a connu une nouvelle nuit de violences après la mort d’un habitant dans des heurts, selon des témoignages et des images diffusées en ligne. Dans plusieurs quartiers de cette grande ville du centre-est de la Tunisie, des centaines d’habitants se sont rassemblés dans les rues réclamant le départ immédiat de tous les migrants clandestins, a constaté un correspondant sur place.
Certains ont bloqué les rues et incendié des pneus pour exprimer leur colère après la mort d’un habitant de 41 ans, tard dans la soirée du 3 juillet, poignardé lors d’affrontements avec des migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des agents de police chassant des dizaines de migrants de leur domicile sous les acclamations d’habitants de la ville, avant de les faire monter dans des voitures de la police. D’autres montraient des migrants à même le sol, les mains sur la tête, entourés par des habitants munis de bâtons qui attendaient l’arrivée des la police.
« Une nuit inhumaine »
Sur la page Facebook du groupe local Sayeb Trottoir, dédiée à la question de l’immigration clandestine, Lazhar Neji, qui travaille aux urgences d’un hôpital de Sfax, a déploré « une nuit inhumaine […] sanglante qui fait trembler ». Selon lui, l’hôpital a accueilli entre 30 et 40 migrants, dont des femmes et des enfants. « Certains ont été jetés de terrasses, d’autres agressés par des sabres », a-t-il affirmé.
Plusieurs migrants ont été amenés par la police sur le site de la Foire internationale de Sfax dans l’attente d’être transférés ailleurs, a affirmé Romdhane Ben Amor, responsable au Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG qui suit les questions migratoires. Selon lui, d’autres migrants ont été conduits vers une zone proche de la frontière libyenne. Il n’était pas en mesure de préciser le nombre total des migrants expulsés de la ville.
La mort, le 3 juillet, d’un habitant à Sfax avait suscité un torrent de réactions, souvent aux relents racistes, appelant à l’expulsion des migrants africains de Sfax, point de départ d’un grand nombre de traversées illégales vers l’Italie par la mer. Les violences verbales et physiques sont fréquentes entre les habitants et les migrants. Elles se sont multipliées après un discours en février du président Kaïs Saïed pourfendant l’immigration clandestine, et la présentant comme une menace démographique pour son pays.
(Avec AFP)
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