La fièvre du samedi soir, avec un préservatif

Publié le 6 janvier 2009 Lecture : 2 minutes.

« Bleguê Bleguê … A mi na mecê Bleguê, anda com bebê », voici les paroles du tube du moment, que tout le monde chante à São Tomé et Príncipe. En forro, une langue parlée à São Tomé, ces paroles véhiculent deux messages simples, mais importants : quand vous sortez, prenez toujours des préservatifs avec vous, et quand vous avez des rapports sexuels, mettez toujours un préservatif.

La chanson est chantée par les adultes comme par les enfants, et diffusée sans cesse sur les ondes des stations de radio et dans les boîtes de nuit de São Tomé et Príncipe, un archipel de 150 000 habitants, situé au large de la côte gabonaise.

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Tout a commencé avec un groupe du nom de Bulauê Linda Estrela, dans le village sans histoire de Messias Alves, une communauté de pêcheurs où les services publics sont pour le moins peu satisfaisants, et où vivent quelque 3 000 habitants, dans des maisons vétustes. Le seul poste de télévision qui reçoive plus d’une chaine a cessé de fonctionner il y a plus de deux ans et l’Internet n’a pas encore atteint le village.

« Tout ce qu’il vous reste à faire quand vous revenez de la pêche, c’est boire de l’eau-de-vie de canne à sucre et faire des bébés », a commenté un jeune habitant. Il y a trois ans, des hommes et des femmes du village se sont réunis pour créer un groupe culturel baptisé Bulauê Linda Estrela.

« Les gens d’ici vont se coucher très tôt, et il n’y a pas de centre de divertissement », a expliqué le chef du village, Lauriano Costa, 78 ans. « Nous avons créé le groupe pour rompre la monotonie ».

Mais Bulauê Linda Estrela a fait plus que cela : sa chanson, Bleguê Bleguê, aide à sensibiliser les populations à l’importance des préservatifs pour prévenir le VIH. Le groupe n’a pas encore sorti de CD single de sa chanson, mais celle-ci est déjà disponible sur le marché gris.

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Les paroles ont été inspirées par un incident réel : un des membres du groupe avait invité sa femme à une répétition ; celle-ci a refusé de venir, mais elle a suggéré qu’il prenne des préservatifs avec lui, au cas où il déciderait d’avoir des rapports sexuels occasionnels.

Pour Ludmila Monteiro, activiste à Médicos do Mundo, une organisation humanitaire qui promeut le développement, le succès de la chanson est en partie imputable aux campagnes nationales de sensibilisation à l’utilisation du préservatif, qui avaient préparé le terrain.

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« Parler de préservatifs n’est plus une nouveauté pour les Santoméens », a-t-elle expliqué. Il y a, bien entendu, une grande différence entre apprécier la chanson et en comprendre le message. « J’aime beaucoup cette chanson », a déclaré Sabina Graça, 25 ans, qui a admis n’avoir aucune idée du sens de ses paroles.

« Mettre un préservatif pour avoir des rapports, cela réduit votre potentiel sexuel », a quant à lui estimé Niker Quarsema, un pêcheur de 27 ans.

« Mon mari a deux femmes, mais il refuse d’avoir des rapports sexuels avec un préservatif », a confié Adezica Beatriz, 38 ans, membre de Bulauê Linda Estrela. « Quand je lui ai dit qu’il fallait qu’il le fasse, il a failli me frapper ».

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