S’attaquer à un taux de malnutrition « alarmant » dans l’ouest

Publié le 23 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Les organisations humanitaires ont lancé des programmes de nutrition thérapeutique d’urgence dans l’ouest du Tchad, où une étude récente a révélé que 20 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition aiguë.

Comme il arrive fréquemment au Sahel, les manques chroniques dans la région tchadienne de Kanem ont donné lieu à un taux de malnutrition dangereusement élevé, exigeant une intervention d’urgence.

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En plus du taux de malnutrition aiguë, l’enquête, menée par Action contre la faim (ACF) et publiée en novembre, a également révélé un taux de malnutrition grave de 2,8 pour cent, chez les enfants. Au sein d’une population d’environ un demi-million de personnes, sur 10 000 enfants de moins de cinq ans, trois enfants meurent chaque jour.

« Ces résultats sont alarmants », selon Kingsley Amaning, coordinateur humanitaire des Nations Unies au Tchad. « Si les causes de ces taux élevés de malnutrition peuvent être de nature chronique, il est clair qu’une intervention humanitaire est nécessaire ; il s’agit donc d’un problème humanitaire urgent que nous devons traiter ».

La semaine du 15 décembre, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et ACF ont lancé des opérations d’urgence à Kanem, selon Marzio Babille, directeur de l’UNICEF au Tchad.

Dans l’immédiat, selon M. Babille, il faut ausculter les enfants, leur fournir des compléments nutritionnels et leur prodiguer des soins médicaux. A long terme, « nous devons prévenir la malnutrition, a-t-il déclaré, ce qui veut dire que nous devons immédiatement améliorer la qualité des repas servis dans les cantines scolaires et l’accès des familles à des aliments de qualité ».

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Campagne d’immunisation

L’UNICEF a averti que sans une intervention rapide, les enfants atteints de malnutrition seraient exposés au risque de contracter certaines maladies telles que la rougeole. L’agence prévoit de mener une campagne de vaccination contre la rougeole à Kanem en janvier.

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« Cela demande un effort concerté avec le gouvernement du Tchad, pour pouvoir immuniser les enfants contre la rougeole, leur distribuer des compléments de vitamine A et dispenser des soins de qualité aux enfants gravement sous-alimentés », a indiqué M. Babille.

Les Nations Unies et les représentants des autorités publiques ont indiqué à IRIN qu’une délégation du ministère de la Santé préparait une mission dans la région.

Compte tenu de la collaboration efficace entre le gouvernement et les organisations humanitaires, M. Babille s’est dit certain que les besoins d’urgence seraient satisfaits. « Le ministre de la Santé et le ministre des Affaires sociales ont immédiatement réagi en organisant une rencontre de haut niveau », a-t-il indiqué à IRIN. « J’ai bon espoir, au moins, que la phase d’urgence sera traitée ».

Parallèlement aux interventions d’urgence, des efforts devront être fournis en vue de faire face aux facteurs chroniques à l’origine de la malnutrition, selon les experts.

Besoin d’une collaboration et de financements soutenus

« Pour faire face à une telle situation [celle de Kanem], il faut que les partenaires d’aide humanitaire et d’aide au développement, ainsi que les bailleurs travaillent de concert », a indiqué Félicité Tchibindat, conseillère santé régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest.

En plus des interventions vitales menées pour traiter les cas graves, des mesures doivent être prises pour prévenir la malnutrition grave : traiter les cas modérément graves, apporter une assistance nutritionnelle globale pendant la période de soudure, et améliorer les aliments complémentaires, a-t-elle indiqué.

« Il est également important d’assurer un financement soutenu et prévisible pour les pays à forte charge de morbidité, afin de pouvoir apporter un changement durable à l’état nutritionnel de la population », a indiqué Mme Tchibindat.

« Il est évident qu’un financement d’un an n’est pas la solution ». Selon elle, il est possible de s’attaquer à la malnutrition si l’on est assuré d’une collaboration générale et de financements suffisants, à long terme.

La région de Kanem se trouve au nord du lac Tchad ; l’étude représentative d’ACF portait sur la région située au sud de Mao, chef-lieu de Kanem.

Kanem est une région au climat sahélien rigoureux, et une bonne partie de sa population est nomade.

Selon Sylvain Trottier de la branche parisienne d’ACF, le taux de malnutrition élevé de Kanem est causé par l’insécurité alimentaire chronique qui règne dans la région, aggravée par la désertification et l’isolement de la région.

Certaines femmes n’ont pas accès aux informations sur l’allaitement et les techniques de sevrage, a-t-il ajouté, et n’ont que peu de ressources, car bon nombre d’hommes vivent loin de la région pendant de longues périodes.

 

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