L’insécurité expose des milliers de personnes aux maladies hydriques

Publié le 15 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

La diarrhée et d’autres maladies hydriques mortelles menacent quelque 28 000 Tchadiens dans une ville de l’est du pays, depuis qu’une série d’attaques armées – dont le vol d’une pompe à eau – ont contraint à partir les derniers travailleurs humanitaires qui menaient déjà des opérations à échelle réduite.

Les responsables humanitaires des Nations Unies craignent que les populations ne commencent à fuir la zone – Dogdoré si les opérations ne reprennent pas rapidement, ce qui compliquerait d’autant plus la tâche des humanitaires dans la région instable de l’est du Tchad.

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Environ 24 500 déplacés tchadiens vivent à Dogdoré, aux côtés des quelque 4 000 habitants de la ville, selon les Nations Unies.

Les organisations humanitaires avaient suspendu la plupart de leurs activités à Dogdoré, en octobre, à la suite d’une série d’attaques armées. Les travailleurs humanitaires restés sur place, pour le compte de l’organisme Action contre la faim (ACF), se sont retirés à la fin du mois de novembre, à la suite de trois attaques, menées sur cinq jours, selon Eric de Monval, directeur d’ACF au Tchad.

« Nous avons senti que nous n’avions pas le choix » compte tenu de l’insécurité qui continuait de régner dans la région, a-t-il expliqué.

Le 21 novembre, des bandits armés ont fait main basse sur une pompe à eau motorisée qui servait à environ 70 pour cent de la population, a indiqué à IRIN Fatma Diouf Samoura, coordinatrice humanitaire adjointe des Nations Unies dans l’est du Tchad, depuis Abéché, première ville de la région.

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« Il y a quelques puits forés et quelques puits classiques dans la région, mais ils ne suffisent pas par rapport au nombre de gens », a-t-elle expliqué.

ACF prévoit de construire d’autres pompes à eau à Dogdoré, selon M. de Monval. Toujours d’après le directeur d’ACF, l’organisme surveille la situation et espère retourner rapidement dans la région.

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Selon les dernières informations qui leur ont été communiquées, ont indiqué à IRIN des responsables des Nations Unies, de nombreux habitants de Dogdoré ont été contraints de consommer de l’eau insalubre.

« Les gens creusent des puits [de fortune] dans les ouadis [lits des rivières] », a expliqué David Cibonga, directeur d’OCHA à Abéché. « Nous sommes certains que si les organisations humanitaires ne peuvent pas reprendre rapidement le travail, nous allons avoir des cas de maladies hydriques et peut-être des cas de décès chez les enfants ».

Médecins sans frontières-France (MSF) fait partie des organisations humanitaires qui ont suspendu leurs opérations d’aide à Dogdoré, en octobre.

« Il n’y a plus le minimum de sécurité nécessaire pour mener des opérations humanitaires dans la région », a indiqué à IRIN Frédéric Emirian, de MSF-France. « MSF s’inquiète de l’aggravation possible de la situation humanitaire [à Dogdoré], surtout en termes d’eau et d’assainissement ».

Pour les responsables humanitaires des Nations Unies, il est de la plus haute importance que les organisations humanitaires puissent reprendre leurs opérations d’aide aux populations de Dogdoré. « Nous craignons que les populations de la ville ne partent s’installer ailleurs, où les organisations humanitaires opèrent déjà aux limites de leurs capacités », selon Mme Samoura, des Nations Unies.

Les responsables humanitaires des Nations Unies ont déclaré avoir appelé les autorités locales et nationales à améliorer la sécurité dans la zone. « Les autorités connaissent le problème et ont dit qu’elles envisageaient les mesures à prendre », a déclaré à IRIN M. Cibonga d’OCHA.

Au cours d’un déplacement récent dans l’est tchadien, John Holmes, Coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, a exprimé des préoccupations sur l’insécurité qui continuait de régner dans la région de Dogdoré.

Des attaques armées entravent depuis longtemps les opérations humanitaires menées dans l’est du Tchad, où vivent quelque 263 000 réfugiés soudanais et 180 000 déplacés tchadiens, selon les Nations Unies, qui dépendent largement de l’aide des organisations humanitaires pour se soigner et se nourrir.

En 2008, plus de 160 attaques contre des travailleurs humanitaires (dont quatre meurtres) ont été signalées au Tchad, d’après les Nations Unies.

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