Risques de violence accrus, alors que s’ouvrent des pourparlers
Un conflit armé généralisé risque d’éclater de nouveau en République centrafricaine (RCA) si les pourparlers importants, engagés cette semaine s’éloignent du thème de la démocratisation et de la justice de transition, a averti l’International crisis group (ICG).
« Le régime et les principales forces d’opposition considèrent tous le conflit armé comme le moyen suprême de sortir le pays de la crise, et se préparent à y revenir », a prévenu ICG dans un document directif intitulé « Untangling the Political Dialogue » [Démêler le dialogue politique].
Le Dialogue politique inclusif a été engagé le 8 décembre pour tenter de sortir la RCA d’un cercle vicieux de coups d’Etat, de rébellions et de banditisme qui a valu à ses 4,3 millions d’habitants de compter parmi les populations les plus pauvres de la planète.
Sous la présidence de Pierre Buyoya, ancien président du Burundi, les pourparlers réunissent le gouvernement de la RCA, l’opposition politique, plusieurs groupes rebelles et la société civile.
« Contrairement à presque tous les autres pays d’Afrique subsaharienne, la RCA n’a accompli aucun progrès dans le domaine du développement humain depuis près de trois décennies », a indiqué Brock Boddie du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur le site Internet de l’Equipe de partenariat pour le développement humanitaire (HDPT) en RCA.
« Tandis qu’en Afrique, les revenus réels ont été décuplés, en RCA, ils ont stagné. De même, aucune amélioration n’a été observée, en RCA, sur presque tous les indicateurs, qu’ils se rapportent aux domaines de la santé, de l’éducation et de la gouvernance, ou à la facilité de faire des affaires ».
« La crise de développement de la RCA a grandement contribué à semer les germes du conflit », a poursuivi M. Boddie. « Le manque total de possibilités économiques et de services sociaux [a] alimenté les rébellions dans le nord du pays. Quelque 300 000 Centrafricains, selon les estimations, ont donc été contraints de fuir : 198 000 ont été déplacés à l’intérieur de leur propre pays, et quelque 102 000 se sont réfugiés au Tchad, au Cameroun et au Soudan voisins ».
Selon ICG, « une démocratisation et une réforme publique réelles semblent néanmoins possibles si toutes les parties parviennent à résister à la tentation [de s’éloigner du sujet] et à régler leurs différends de manière consensuelle, mais le dialogue politique doit être recentré sur l’organisation des élections de 2010 et la négociation d’un mécanisme crédible de justice transitionnelle ».
« Pour éviter un nouveau changement de régime violent, le gouvernement devrait également achever de réformer le secteur de la sécurité, notamment en assurant l’intégration équitable des anciens rebelles dans les services de sécurité », a averti ICG.
La cellule de réflexion a également pris la communauté internationale à partie pour son « immobilisme sur la question de la démocratie en RCA [et son] empressement à baisser les bras au sujet de la réconciliation en échange d’un simple désarmement. Il est certain qu’en faisant des concessions inconditionnelles en faveur des chefs rebelles, sans rien exiger d’autre, de leur part, qu’un semblant de légalité, ils encouragent de facto de nouvelles insurrections ».
Dans un message à l’attention des participants au dialogue, Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations Unies, a reconnu que le chemin vers la réconciliation serait pavé d’embûches.
« Les deux prochaines semaines exigeront d’énormes efforts, ainsi qu’un sentiment de compromis et de sacrifice de la part de tous les participants », a-t-il dit.
« En assistant à ce dialogue, vous avez placé l’intérêt de la nation et du peuple de la République centrafricaine avant tout autre. C’est encourageant, et cela prouve que vous êtes déterminés à régler vos différends par le biais du dialogue, et non de la violence », a-t-il ajouté.
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