La longue route vers la circoncision

Publié le 12 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Les hommes qui envisagent de recourir à la circoncision pour réduire leur risque d’être infectés au VIH lors de relations sexuelles pourraient avoir à attendre longtemps avant que cette intervention ne devienne largement accessible dans la région d’Afrique australe.

La demande est là, de même que des preuves démontrant que la circoncision masculine peut être efficace. Des politiques nationales ont même été mises en place, mais la pénurie de travailleurs de la santé qualifiés et les contraintes auxquelles sont confrontés les systèmes sanitaires ralentissent leur mise en œuvre effective.

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« Même si on veut former [des personnels], qui allons-nous former ? Il n’y a pas assez de personnels pour effectuer l’intervention », a dit Kim Dickson, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors de la 15ème Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA), qui s’est tenue du 3 au 7 décembre à Dakar, au Sénégal.

Des pays d’Afrique australe et de l’Est ont avancé dans l’élaboration de plans pour promouvoir la circoncision masculine. Le Botswana et le Swaziland ont achevé de définir des politiques, tandis que le Kenya a créé des centres pour former les travailleurs sanitaires.

M. Dickson a reconnu néanmoins que la mise en œuvre de ces actions était lente et que ces pays avaient besoin du soutien d’organisations telles que l’OMS et le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA.

Le Lesotho a récemment mené une analyse situationnelle pour déterminer s’il avait la capacité de proposer largement la circoncision dans les centres de santé publics. L’étude a montré que plus de 80 pour cent des membres de la communauté Basotho étaient informés des bénéfices potentiels de la circoncision dans la prévention du VIH, et que de nombreux hommes souhaitaient être circoncis.

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Ce petit royaume montagneux ayant environ cinq médecins pour 100 000 habitants, les services de santé sont donc très souvent gérés par des infirmières. Or les hommes considèrent qu’il est « honteux d’aller voir une femme et de lui demander d’être circoncis », a dit le docteur Mpolai Moteetee, du ministère de la Santé et des affaires sociales.

Les infirmiers ne sont pas autorisés à pratiquer la circoncision : le pays envisage de leur permettre de le faire, « mais je ne sais pas combien d’infirmiers hommes nous allons trouver dans le système de santé », a noté M. Moteetee.

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La circoncision masculine est traditionnellement pratiquée dans certaines zones du Lesotho, toute politique officielle devrait donc impliquer les leaders traditionnels. Deux équipes de travail ont été mises en place, l’une qui a pour but de régler cette question, et l’autre qui se penche sur les problèmes techniques, mais cela s’est révélé être un processus long et il n’y a toujours pas de résolution sur les moyens d’avancer, a noté M. Moteetee.

Le coût est un autre obstacle majeur. « Je ne suis pas sûr de la manière dont on va y arriver, mais cela aura des implications pour l’accès [à l’intervention] », a dit M. Moteetee.

La Namibie est en train d’élaborer une stratégie pour développer l’accès à la circoncision et identifier des sites pilotes, mais le docteur Ndwapi Hamunime, du ministère de la Santé, a dit que le coût estimé de 200 dollars par adulte était « un peu cher – nous n’allons pas pouvoir élargir l’accès à la circoncision tous seuls … Il nous faudra chercher des fonds pour cela ».

Le Swaziland, l’un des premiers pays de la région d’Afrique australe à avoir adopté la circoncision comme outil de prévention, attend toujours que ses parlementaires adoptent la politique en ce sens. « Nous n’avançons pas aussi vite que nous le voudrions … la demande est là, mais le système de santé est faible », a reconnu Vusi Magagula, en charge de l’équipe de travail sur la circoncision masculine dans le pays.

Afin d’accélérer la formation de jeunes médecins locaux sur l’intervention, des équipes de chirurgiens israéliens ont été envoyés dans le pays, dans le cadre de l’initiative Operation Abraham, organisée par le Jerusalem AIDS project et une organisation de planification familiale locale, la Family life association of Swaziland (FLAS).

Inon Schenker, directeur d’Operation Abraham, a dit à IRIN/PlusNews que 10 chirurgiens, sur un total de 20 dans tout le pays, avaient été formés jusqu’à maintenant, et que le nombre de circoncisions pratiquées dans les cliniques FLAS depuis était passé de trois par semaine à environ 12 par jour.

M. Dickson, de l’OMS, a noté qu’il restait des inquiétudes à propos des « médecins volontaires étrangers qui voyagent pour aller circoncire des hommes africains », et que l’OMS était en train d’élaborer des directives à ce sujet.
 

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