Trouver des solutions face à la pénurie de personnel de santé

Publié le 12 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le manque chronique de travailleurs sanitaires au Malawi paralyse le système de santé, mais en modifiant leur manière de fonctionner et en faisant intervenir de nouveaux acteurs, des professionnels ont réussi à atténuer l’impact de ces pénuries.

De nombreux médecins et infirmières ont quitté le Malawi pour travailler dans des pays plus riches, en quête de ‘pâturages plus verts’. Le gouvernement a donc été contraint d’élaborer un plan, fondé sur l’idée du « transfert des tâches ».

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Selon ce plan, des tâches accomplies habituellement par des médecins sont confiées à des infirmières. Des responsabilités assumées par des infirmières sont assurées par des travailleurs de santé communautaire. Enfin, certaines tâches effectuées auparavant par des travailleurs de santé communautaires sont maintenant accomplies par les patients ou leur famille.

Le Malawi est l’un des premiers pays a avoir adopté le « transfert des tâches », et la méthode semble porter fruit : en 2007, quelque 625 000 tests de dépistage du VIH ont été effectués, dont 95 pour cent par des conseillers non médicaux.

Au Malawi, des responsables de cliniques et des infirmières peuvent également prescrire des traitements VIH et gérer des centres où les patients suivent des traitements ARV. Fin 2007, près de 97 000 patients suivaient un traitement ARV dans 118 centres.

Lorsque Veronica Chabinga a été admise à l’hôpital Bwaila, une clinique de référence de Lilongwe, la capitale du Malawi, après avoir appris qu’elle souffrait de tuberculose, sa principale préoccupation était de devoir rester hospitalisée pendant une longue période.

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« Mais j’ai été surprise. Après six semaines seulement, les médecins m’ont autorisée à quitter l’hôpital, et ont déclaré que je pouvais suivre le reste du traitement chez moi. Je suis un exemple vivant des personnes qui ont soigné leur tuberculose en restant confinées à leur domicile », a témoigné Mme Chabinga, une femme d’affaires mère de trois enfants. « Je pense que je me suis rétablie rapidement, car j’ai été soignée dans un environnement familier. »

Le professeur Felix Salaniponi, directeur du Programme national de contrôle de la tuberculose, a dit à IRIN/PlusNews que le « transfert des tâches » avait aidé le gouvernement à réduire le nombre de patients, qui submergeaient autrefois les cliniques.

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Une initiative qui porte ses fruits ?

« Le Malawi compte parmi les pays d’Afrique fortement affectés par la fuite des cerveaux, mais grâce au ‘transfert des tâches’, la charge de travail se retrouve progressivement allégée, car les communautés sont désormais capables de prendre soin des personnes malades, dans leur zone respective », a expliqué Felix Salaniponi.

Afin de faire face à l’actuelle pénurie de personnels sanitaires, le gouvernement forme également des assistants en suivi sanitaire (HSA en anglais). Ces derniers sont chargés d’effectuer des tâches normalement accomplies par des infirmières et médecins qualifiés.

Felix Salaniponi a reconnu que certains groupes, comme l’Association des infirmières et des sages-femmes, s’opposaient à l’initiative, car ils doutaient de la qualité des services offerts par les HSA.

« Mais nous leur avons dit qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter, car des superviseurs effectuent des contrôles afin de s’assurer que la qualité n’est pas compromise », a-t-il poursuivi.

Selon les résultats d’une enquête menée par le gouvernement il y a trois ans afin de déterminer si le « transfert des tâches » portait ses fruits au Malawi, la plupart des patients préfèrent être soignés à leur domicile plutôt que dans une clinique.

Adamson Muula, maître de conférence au Malawi College of Health Sciences, un institut gouvernemental qui forme des responsables de clinique à Blantyre, le centre commercial du pays, considère que l’initiative peut être profitable dans certains domaines. Cependant, il souligne que les tâches pouvant être transférées à des conseillers non spécialisés doivent être identifiées avec soin.

« Le public et les responsables cherchent des solutions simples à des problèmes complexes. Certaines personnes pensent que nettoyer une plaie ou faire une piqûre sont des tâches simples –tellement simples qu’il n’est pas utile de faire appel à une infirmière- mais le fait de mal faire une piqûre ou de mal déplacer un patient peut être mortel », a-t-il rappelé.

D’après Adamson Muula, mettre la vie de Malawiens crédules entre les mains de personnes n’ayant reçu que quelques semaines de formation peut se révéler être une grave erreur.

« Selon moi, le ‘transfert des tâches’ accroît le nombre de travailleurs sanitaires et non le nombre de professionnels de la santé », a-t-il déploré. « Nous avons besoin de professionnels, pas seulement de travailleurs ».
 

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