Présidentielle : création d’un mouvement pour barrer la route à Mamadou Tandja
Le « Front pour la défense de la démocratie » a été créé dimanche pour empêcher un référendum constitutionnel qui pourrait permettre au président Mamadou Tandja de briguer un troisième mandat. Le mouvement lancera le 30 mai une campagne nationale contre le projet de consultation poulaire, qu’il juge illégal.
Le « Front pour la défense de la démocratie » (FDD) est né dimanche pour empêcher au Président Mamadou Tandja de convoquer un référendum pour briguer un troisième mandat à la tête du pays. Ce large mouvement est composé des sept centrales syndicales du Niger, des partis de l’opposition et de la majorité présidentielle ainsi que des ONG.
« Notre Front est déterminé à faire échec à l’entreprise de l’instauration de la dictature à travers la personnification du pouvoir politique » a indiqué Issoufou Sidibé, le secrétaire général de la puissante Confédération démocratique des travailleurs du Niger (CDTN). Le FDD, a-t-il dit, s’engagera à « préserver les acquis démocratiques et la démocratie menacés » par le « Tazartché », ce mouvement qui demande au Président Tandja de rempiler, alors même que son dernier mandat présidentiel expire en décembre prochain.
Répondant au « Tazartché », le Président Tandja a affirmé qu’il va soumettre au référendum, avant la fin de son mandat, le projet d’une nouvelle constitution qui lui permettra de briguer un nouveau mandat à la tête du pays.
Une caravane contre le « Tazartché »
Cette initiative est diversement appréciée, plusieurs constitutionnalistes ayant souligné le caractère « illégal » du référendum. Ils arguent que les dispositions de la constitution actuelle excluent du référendum toute initiative touchant à la durée du mandat présidentiel et refuse toute compétence expresse au Président pour changer de constitution.
« Nous sommes engagés contre le Tazartché et une caravane sillonnera à partir du 30 mai prochain toutes les huit régions du Niger pour dénoncer l’idée du référendum, avec des meetings et des marches » a affirmé Issoufou Mahamadou, le chef de file de l’opposition nigérienne.
Le FDD a également appelé à la tenue « régulière » des élections municipales, législatives et présidentielles, prévues pour le dernier trimestre de 2009.
Selon le projet de chronogramme soumis au gouvernement par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le premier tour des présidentielles est fixé au 4 novembre prochain. Les élections municipales et législatives seront respectivement organisées le 25 octobre et le 28 novembre prochains, alors que le second tour de la présidentielle est attendu pour le 6 décembre.
La colère de la Cedeao
Le 16 mai dernier, le Conseil des sages de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déploré le projet de référendum envisagé par le président nigérien, indiquant que des « sanctions personnalisées » seraient prises contre les protagonistes de la « violation » de la loi fondamentale.
La CEDEAO soutient qu’il s’agit d’une opposition au protocole de bonne gouvernance adopté par la Communauté et selon lequel aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six mois précédant une élection sans le consentement d’une large majorité des acteurs politiques.
De même, l’Union des parlements francophones (UPF) a appelé le chef de l’Etat nigérien à respecter les dispositions de la constitution, en ne briguant pas un nouveau mandat au mépris de la constitution.
Ex-colonel de l’armée, le Président Tandja (71 ans), élu en 1999 puis réélu en 2004, ne pourra plus se présenter aux élections présidentielles.
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