L’Afrique coupée en deux par la tectonique des plaques ?
Des scientifiques observent une tendance géologique qui pourrait conduire à la rupture du continent et à la formation d’un nouvel océan.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 8 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.
En septembre 2005, en même temps qu’une série de séismes et qu’une éruption du volcan Dabbahu, une fissure géante de la croûte terrestre était apparue à une centaine de kilomètres au sud de la frontière entre l’Éthiopie et l’Érythrée, au nord de la zone désertique de l’Afar.
S’étendant sur près de 60 km de long, entre 2 et 12 km de profondeur et d’un écartement d’environ 5 mètres, la lézarde géante semblait augurer la première étape d’une cassure du continent. Ce sont environ 2 km3 de magma basaltique qui se seraient alors injectés dans cette faille.
Dans les années qui ont suivi, plus au sud, une dizaine d’autres fissures plus modestes ont été identifiées. Si le processus est extrêmement lent, la découverte, en 2018, d’une faille de 15 mètres de profondeur dans le sud-ouest du Kenya, dans la région de Narok, a paru confirmer son déploiement. Des pluies torrentielles avaient alors provoqué l’effondrement d’une partie de la route Nairobi-Narok, et avaient révélé, selon certains observateurs, un phénomène plus profond de fissures dans une croûte terrestre qui se déplacerait d’environ 2,5 centimètres par an.
Rupture sur le grand Rift
Ces mouvements résultent de la divergence de trois plaques tectoniques étudiées depuis plusieurs décennies : les plaques arabique, somalienne et nubienne. La première s’éloigne de l’Afrique depuis 30 millions d’années, ce qui explique la création de la mer Rouge et du golfe d’Aden, tandis que la deuxième, en Afrique orientale, s’éloigne de la troisième. Le phénomène géologique récent de clivage pourrait résulter de la surchauffe d’une grande quantité de roches.
Unique au monde, la progression de cette fissure majeure pourrait occasionner, à très long terme, la rupture du continent africain au niveau de la vallée du grand Rift qui traverse les pays du sud-est de l’Afrique. Les pays de la Corne de l’Afrique ainsi que le Kenya et la Tanzanie pourraient alors former une île qui se détacherait et s’éloignerait du reste du continent. Un nouvel océan apparaîtrait dans cette partie du monde.
Les scientifiques s’accordent sur ce scénario, tant que l’on parle de dizaines de millions d’années. En revanche, ils analysent différemment des phénomènes comme la faille kényane de 2018. Cette fissure n’ayant pas été accompagnée d’une activité sismique, certains n’y voient pas de lien avec l’évolution profonde du Rift et invitent à ne pas surinterpréter tout événement conjoncturel. L’effondrement de la route Nairobi-Narok pourrait donc être essentiellement lié à un « processus de surface », le simple affaissement d’un terrain fragilisé par l’écoulement d’eaux de pluie.
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