En Tunisie, la promesse de réconciliation pénale à 10 milliards de dollars s’effrite
Kaïs Saïed a limogé une fonctionnaire qui affirmait être capable de récupérer « près de 30 milliards de dinars » auprès d’un homme d’affaires en exil soupçonné de corruption et désireux d’éviter des poursuites.
Dix milliards de dollars. Dans une Tunisie en proie à une grave crise financière, la somme, promise au président tunisien Kaïs Saïed par une fonctionnaire qui affirmait qu’un homme d’affaires soupçonné de corruption était prêt à s’en acquitter contre une amnistie, avait de quoi faire rêver même au sommet de l’État. Mais la chimère s’est évanouie et Fatma Yaacoubi, membre de la « Commission nationale de conciliation pénale », a été limogée le 7 juillet « avec effet immédiat » par un décret de Kaïs Saïed, selon un communiqué de la présidence.
Lors de sa visite à son siège le 20 juin, Kaïs Saïed s’était entendu dire qu’un homme d’affaires tunisien en exil avait « fait une demande de réconciliation de près de 30 milliards de dinars, en dollars cela fait 10 milliards de dollars », selon une vidéo diffusée par la présidence.
« Trente milliards, cela veut dire trente mille millions de dinars », avait insisté Yaacoubi lorsque le président l’a interpellée pour vérifier qu’il s’agit bel et bien de milliards. Le président a ensuite pris la parole pour dire que « si une telle somme pouvait provenir d’une seule personne, cela nous permettra d’éviter d’emprunter auprès d’une quelconque institution ».
La somme mirobolante évoquée par Yaacoubi avait suscité une vague de railleries sur les réseaux tunisiens. À titre de comparaison, les recettes prévues dans le budget en 2023 s’élèvent à environ 15 milliards de dollars.
Échec
Le projet de réconciliation pénale, annoncé en mars 2022 vise à substituer aux poursuites judiciaires et condamnations frappant ou dont sont passibles les auteurs de crimes économiques, le versement de pénalités ou la réalisation de projets dans le pays. Le 21 mars, Kaïs Saïed avait limogé le chef de cette instance, lui faisant ainsi payer son échec à renflouer les caisses de l’État avec les importantes sommes espérées.
La Tunisie, endettée à environ 80 % de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un prêt de près de 2 milliards de dollars, mais les discussions sont depuis dans l’impasse, faute d’engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes qu’il a lui-même présenté. Kaïs Saïed a rejeté en avril ce qu’il qualifie de « diktats » du FMI en matière de réformes. Au début de juin, il a proposé l’introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l’État de se passer du prêt du FMI.
(Avec AFP)
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