En RDC, Félix Tshisekedi interviewé par Félix Tshisekedi ?

À moins de six mois de l’élection présidentielle de décembre 2023, le président et candidat à la présidence de la RDC a accordé une interview « exclusive »… à sa propre porte-parole.  

© Damien Glez

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Publié le 10 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

Qu’un « glissement » des prochains scrutins advienne ou non en République démocratique du Congo, le pays est clairement entré en pré-campagne électorale. Comme les présidents candidats ne manquent que rarement de le faire, Félix-Antoine Tshisekedi a joué sur le flou de son double statut, accordant, ce 8 juillet, une interview qui ressemblait à un programme électoral, mais avec la stature que lui garantit une entreprise publique comme la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC).

Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, « Fatshi » a répondu aux questions de sa propre porte-parole principale, ou plutôt – officiellement – aux « interrogations du peuple », portées par la voix de Tina Salama après collecte via une plateforme digitale dédiée.

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Interview ou opération de communication ?

« Urgent : Interview exclusive ce soir sur la RTNC à partir de 19h !!! Le président de la République répond à vos questions », s’enthousiasmait, sur Twitter et à grands renforts de points d’exclamation, la maîtresse de cérémonie du show présidentielle. Et les internautes de lui répondre, en substance, que le président allait se poser des questions à lui-même.

Le twittos Passy Amani B., par exemple, qualifie ainsi l’opération de communication : « Le superviseur interviewé par sa supervisée ! Waouh. » Sur le même réseau, Christian Kabeya, lui, s’adresse directement à la porte-parole : « Madame, n’y a-t-il pas un journaliste compétent qui pouvait poser ces questions ? » interroge-t-il. « Il serait mieux que le président soit interviewé par un journaliste de la RTNC. Pour plus promouvoir la chaîne nationale et nos journalistes », renchérit Tshikoko Kapitene.

La quadrature du cercle étant, pour un sortant à nouveau candidat, de justifier le bilan tout en motivant un renouvellement du mandat, Félix Tshisekedi a habilement identifié un bémol de nature à justifier sa réélection : « Je ne suis pas satisfait du bilan dans le domaine de la Justice. J’ai beaucoup compté sur le pouvoir judiciaire. Comme on le dit dans la Bible, la justice élève la nation. Malheureusement, dans notre cas, la justice détruit notre nation. »

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Assez lapidaire, pour le coup – notamment si l’on considère l’implacable séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire –, le président a évoqué, ce samedi, le fait que les chefs d’institutions et lui ne sont pas « sur le même diapason ». Tout en prenant soin de préciser, rapidement, qu’il n’était pas impliqué dans les démarches visant l’arrestation ou la libération de certaines personnes… La solution à cette insuffisance ? Réélire le chef de l’État, selon la conclusion de cet entretien sans journaliste.

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