Avec la Zlecaf, l’Afrique s’apprête à franchir un cap décisif pour son intégration économique

Les pays africains misent sur leur union économique pour retenir sur le continent un maximum de valeur ajoutée à leurs produits d’exportation. Selon Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank, cette logique doit être favorisée par la multiplication des accords commerciaux.

Au centre : Olusegun Obasanjo (président du conseil consultatif de l’IATF 2023), puis de gauche à droite : Albert Muchanga (commissaire pour le Développement économique, le Commerce, le Tourisme, l’Industrie et les Minéraux de la Commission de l’UA), Yahia El-Wathik (secrétaire d’État au ministère du Commerce et de l’Industrie d’Égypte), Benedict Oramah (président du conseil d’administration d’Afreximbank), Grace Khoza (représentante du secrétaire général du secrétariat de la Zlecaf), Kanayo Awani (vice-présidente exécutive d’Afreximbank)… Le 7 juillet 2023 au Caire. © IATF

Kanayo Awani © DR

Publié le 12 juillet 2023 Lecture : 3 minutes.

L’Afrique est sur le point de tourner une nouvelle page de son histoire économique. En quête d’une intégration économique plus profonde, le continent voit dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) une plateforme essentielle à la réalisation de cette ambition. Malgré son statut de plus grand marché de libre-échange du monde par le nombre de ses membres, son potentiel reste à déployer pleinement. Pour relever ce défi, Afreximbank se mobilise, résolue à booster cette intégration en facilitant l’établissement d’accords commerciaux.­

La Foire commerciale intra-africaine (IATF), le plus grand rassemblement commercial d’Afrique, est une réponse de notre groupe bancaire panafricain aux enjeux commerciaux, réglementaires et monétaires. À Durban, en Afrique du Sud, la dernière édition avait conclu des accords commerciaux pour un montant estimé à plus de 43 milliards de dollars (38 milliards d’euros en novembre 2021, lors de cette édition de l’IATF), renouvelant ainsi l’espoir pour l’Afrique.

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Des défis à relever

Cela montre que si l’Afrique parvient à intensifier le commerce entre ses propres nations, une part substantielle de sa richesse sera retenue sur le continent. Pour y parvenir, il est impératif de surmonter les obstacles qui entravent le commerce intra-africain. Prenez, par exemple, le secteur du ciment. Actuellement, un producteur camerounais trouve plus économique d’importer du clinker depuis l’Europe ou l’Asie plutôt que de l’acquérir auprès de son voisin nigérian. Cette situation entraîne un transfert de richesses de l’Afrique vers des entreprises internationales, alors qu’elles pourraient être réinvestie dans les économies locales.

Cet automne, Le Caire, la capitale égyptienne, sera l’hôte de l’IATF 2023. L’objectif : faire mieux que lors des précédentes éditions. Plus de 1 600 exposants, 35 000 acheteurs prévus, des accords commerciaux qui devraient surpasser les 43 milliards de dollars. Du 9 au 15 novembre, le marché africain s’exposera grandement au monde.

L’IATF 2023 servira d’interface unique et précieuse pour les entreprises souhaitant accéder à un marché africain unifié de plus de 1,3 milliard de personnes avec un PIB de plus de 3 500 milliards de dollars, appelé à prendre encore plus rapidement de l’ampleur.

Mais avant tout, des défis restent à relever. Manque de visibilité, problèmes de régulation, instabilités monétaires, obstacles non tarifaires sont autant de barrières qui freinent encore le commerce intra-africain, qui ne constitue toujours que 16 % du total des échanges du continent, un chiffre nettement inférieur aux commerces intra-asiatique et intra-européen, qui dépassent les 60 %. En cause, par exemple, les importateurs, qui préfèrent souvent commander des marchandises et des pièces de la Chine et d’autres régions non africaines car ils ignorent que certains pays africains produisent certains de ces biens.

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L’Égypte, un choix stratégique

Par ailleurs, le choix de l’Égypte comme hôte de l’IATF 2023 est stratégique. Non seulement le pays vise une position de leader dans l’intégration régionale, en alignement avec le Cadre de partenariat pays (CPP) de la Banque mondiale, mais il a également fait des progrès considérables dans l’augmentation de ses échanges avec le reste de l’Afrique, notamment via le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Cependant, bien qu’elle ait renforcé ses liens commerciaux au sein de ladite institution, l’Égypte a encore du potentiel pour élargir davantage ses relations commerciales intra-africaines.

Le CPP aspire à créer davantage d’emplois de qualité, à renforcer le capital humain et à accroître la résilience face aux chocs. L’IATF 2023 pourrait être l’outil clé pour atteindre ces objectifs. Les secteurs clés de l’Égypte tels que le textile, l’immobilier, les TIC et l’énergie pourraient grandement bénéficier de l’IATF. Ces secteurs, essentiels pour l’économie égyptienne, ont le potentiel de se développer et de se diversifier davantage grâce aux opportunités de commerce et d’investissement offertes par l’IATF.

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Vers une ère de prospérité inégalée

Incontestablement, l’aspiration à une Afrique économiquement unifiée nécessite un engagement indéfectible de tous les acteurs concernés – les gouvernements, le secteur privé et les institutions multilatérales. L’IATF, pour sa part, se positionne comme un catalyseur indéniable de cette intégration. En augmentant la visibilité du commerce intra-africain, en stimulant les relations commerciales et en offrant une plateforme pour la négociation et la conclusion d’accords commerciaux, l’IATF s’érige comme un outil primordial pour concrétiser la vision d’une Afrique unifiée et florissante.

Il est temps pour l’Afrique de prendre en main son avenir économique. Grâce à des initiatives telles que l’IATF, notre continent peut repenser son histoire économique et s’orienter vers une ère de prospérité inégalée. C’est là l’avenir de l’Afrique, un avenir dans lequel nous pouvons tous avoir confiance.

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