En Tunisie, des migrants chassés de Sfax secourus par une ONG

Le Croissant rouge tunisien a trouvé un hébergement à 630 migrants conduits dans le désert par les autorités, à Médenine, à Tataouine et à Ben Guerdane. D’autres restent toutefois bloqués dans une zone militarisée de Ras Jedir, à la frontière libyenne.

Une personne ayant migré puis fui les violences à Sfax se repose dans un refuge temporaire localisé dans une école à Ben Guedane, le 12 juillet 2023. © FATHI NASRI / AFP.

Publié le 13 juillet 2023 Lecture : 3 minutes.

Laissés sans eau et sans nourriture dans le désert, dans une zone militarisée de Ras Jedir à la frontière entre la Tunisie et la Libye, quelque 600 migrants, dont des enfants, ont été récupérés les 10 et 11 juillet par le Croissant rouge tunisien. Abdellatif Chabou, président de cette ONG qui a été autorisée à aller les chercher, a déclaré le 12 juillet qu’ils étaient « 630 au total ».

Selon lui, ce chiffre pourrait encore augmenter dans les prochains jours étant donné de petits groupes restent bloqués dans cette zone désertique près de la frontière algérienne, selon des ONG et des témoins.

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À la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants d’Afrique subsaharienne avaient été chassés de Sfax (centre-est), principal point de départ en Tunisie pour l’immigration clandestine, et conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières près de la Libye à l’est, et l’Algérie à l’ouest.

Hébergés dans un lycée

Un correspondant de l’AFP a pu faire des photos et vidéos de ces personnes, dont un bon nombre d’enfants hébergés dans un lycée à Ben Guerdane, à 40 km à l’ouest de Ras Jedir. Deux autres groupes sont accueillis à Médenine et Tataouine, plus au sud.

« Ces Subsahariens qui se sont retrouvés à Ras Jedir sont venus de plusieurs endroits, un groupe de Tunisie et un autre de Libye », a assuré Abdellatif  Chabou. Le Croissant rouge leur distribue des repas, a fait venir 400 matelas de Tunis pour équiper les écoles dans lesquelles ils sont accueillis. Les images de l’AFP montrent des enfants qui jouent dans la cour de récréation, des hommes et femmes qui plaisantent avec les bénévoles du Croissant rouge.

Selon le Croissant rouge, les migrants sont hébergés à Médenine, à Tataouine et à Ben Guerdane, « le temps de préparer d’autres centres permettant une prise en charge plus étroite par nos volontaires et l’aide des organismes internationaux ».

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L’idée est d’effectuer « un profilage » avec l’aide de l’OIM (Organisation internationale des migrations) pour voir si « certains sont demandeurs d’asile ou s’ils veulent repartir dans leur pays dans le cadre du programme des Nations unies de retour volontaire », explique Chabou. Selon lui, seuls 200 migrants sur le contingent récupéré à la frontière libyenne disent vouloir être rapatriés dans leurs pays, les autres demandent majoritairement à être emmenés en Europe.

Appel de détresse

Un peu au sud de Ras Jedir, d’autres migrants ont envoyé le 12 juillet un appel de détresse enregistré sur une vidéo à l’ONG Human Rights Watch, que cette dernière a transmise. « Nous sommes en train de souffrir. Il y a des enfants, des femmes en grossesse. Nous sommes en train de souffrir ici. Depuis hier, nous n’avons rien mangé. Nous allons mourir si l’on ne nous aide pas. Aidez-nous ! », déclare l’un d’eux.

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Selon HRW, ils sont au moins une centaine de personnes, sans eau, ni nourriture, ni abris, et certains seraient sur place « depuis plusieurs jours ».

Les ONG s’inquiètent également du sort de dizaines d’autres migrants – entre 150 et 200 selon HRW – éparpillés le long de la frontière de l’ouest avec l’Algérie. Un porte-parole judiciaire a annoncé le 11 juillet le décès ces derniers jours de deux Subsahariens dans le désert de Hazoua, à 600 km au sud de Tunis.

Youssouf Bilayer qui fait partie d’un groupe abandonné plus au nord, vers Gafsa à 350 km de Tunis, a dit mardi avoir été chassé de Sfax le 4 juillet. Il a envoyé une vidéo dans laquelle on le voit avec six ou sept compagnons allongés par terre.

« Nous souffrons beaucoup, nous arrive à trouver un peu d’eau dans la forêt, mais nous n’avons rien à manger, les gens disent que la police leur interdit de nous donner à manger, nous arrivons juste un peu à recharger nos téléphones », dit Bilayer, qui travaillait depuis quatre ans comme soudeur à Sfax.

(Avec AFP)

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