À Tunis, nouvelle manifestation pour la libération d’opposants
Alors que la plupart des personnalités arrêtées l’hiver dernier sont toujours en détention, une centaine de leurs partisans se sont réunis pour réclamer leur remise en liberté.
Des dizaines de manifestants ont réclamé, ce 13 juillet, la libération d’opposants à la politique du président tunisien, Kaïs Saïed, dénonçant une justice « aux ordres ». Une vingtaine d’opposants et des personnalités des milieux des affaires et des médias ont été arrêtés depuis février dans le cadre d’une enquête pour « complot contre la sûreté de l’État ». Le président Saïed les a qualifiés de « terroristes ».
Une centaine de manifestants et de proches des détenus se sont rassemblés devant la cour d’appel à Tunis. Imed Khemiri, porte-parole du parti islamo-conservateur Ennahdha, bête noire du chef de l’État et membre du Front de Salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, a dénoncé des arrestations motivées par « des raisons politiques ». Ces emprisonnements « reflètent une crise politique étouffante en Tunisie » mais ils « ne peuvent pas faire taire les voix libres », a-t-il ajouté.
« Mon père paye la facture de son amour pour la Tunisie », a déploré, la voix étranglée par l’émotion, Abdelaziz, fils d’Issam Chebbi, 65 ans, un dirigeant du FSN opposant farouche en son temps du dictateur Zine el Abidine Ben Ali, renversé par la Révolution de 2011. Selon Chebbi, « la justice est aux ordres du pouvoir exécutif et n’est pas indépendante ».
L’Europe condamne des « dérives »
Outre la crise politique déclenchée par le coup de force de Kaïs Saïed, la Tunisie, très endettée, est secouée par une grave crise financière et recherche des aides étrangères. Le 12 juillet, devant la presse, des parlementaires européens ont exprimé leur opposition à tout « accord inconditionnel » entre l’Union européenne et la Tunisie en raison « des dérives » commises par le président Saïed.
Ils ont appelé les autorités tunisiennes à « libérer les opposants emprisonnés arbitrairement, à défendre les droits des citoyens tunisiens et à soutenir leur lutte pour la démocratie ».
La campagne d’arrestations lancée depuis février a visé des dirigeants politiques de premier plan. L’ONG Amnesty International a dénoncé une « chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques ». « Les détenus ont été interrogés sur des rencontres et échanges téléphoniques avec des diplomates étrangers, d’autres sur des interviews à des médias », selon l’ONG.
(Avec AFP)
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