Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Nigeria… Mota Engil ne connaît pas la crise
Routes, rails, aéroports… Le premier constructeur portugais empile les concessions sur le continent, en solo ou en duo.
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Vu du Cameroun, le portugais Mota Engil est un géant assoupi. Après l’achèvement des chantiers de Garoua – réhabilitation et extension du stade Roumde Adja de la capitale régionale du Nord, construction du stade annexe et d’un hôtel de 70 chambres –, dans la perspective de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football que le pays a abritée l’année dernière, la filiale locale s’échine à conclure le contrat de construction de la deuxième phase (196 km) de l’autoroute Douala-Yaoundé, estimée à 835 milliards de F CFA (1,27 milliard d’euros). Un projet qui mobilise son patron, Jorge Nelson Rocha Mota, et ses équipes qui, après avoir coiffé au poteau le consortium Sogea-Satom/Fayat/Vinci et le groupement Sinohydro/PCRB/SDHS, n’ont pour l’instant aucun autre chantier en ligne de mire.
Cette atonie tranche avec l’activisme qui se manifeste sur certains des douze autres marchés (Angola, Mozambique, Malawi, Afrique du Sud, Zimbabwe, Ouganda, Rwanda, Guinée‐Conakry, Côte d’Ivoire, Kenya, Nigeria et Mali) dans lesquels le constructeur est présent sur le continent. À la tête de Mota Engil Africa, Manuel António Mota, à présent numéro deux du groupe, annonçait la couleur il y a cinq ans.
« Nous sommes à la recherche de concessions dans le secteur des routes, des chemins de fer, de tout ce qui peut alimenter notre activité principale de construction », indiquait-il à Jeune Afrique. Le groupe vient ainsi de s’entendre avec Rio Tinto sur un contrat de près de 280 millions d’euros pour aménager le site d’exploitation du fer de Simandou, en Guinée Conakry.
Succès en série au Nigeria
En juillet, les bonnes nouvelles sont surtout venues du Nigeria. Le groupe lusitanien, détenu par la famille Mota (40%) et la China Communications Construction Company (CCCC, 32,41 %), a raflé un marché de 840 millions d’euros pour l’acquisition de matériel roulant, dans le cadre d’un projet ferroviaire visant à rallier la première économie du continent à son voisin nigérien. Son alliance avec Africa Finance Corporation (AFC), qui va créer une coentreprise, a permis de décrocher deux concessions. Lesquelles offriront l’opportunité de transformer, moyennant 240 millions d’euros, deux routes nationales en autoroutes, ainsi que leur gestion pendant vingt-cinq ans. Sans compter les concessions pour la gestion des aéroports d’Abuja et de Kano en cours de négociation.
Mota Engil consolide ainsi sa position en Afrique de l’Ouest, à côté de ses traditionnels marchés lusophones. Le groupe de BTP avait pris la décision de s’intéresser à la zone au milieu de la décennie écoulée, parallèlement à la poursuite de son désendettement, qui lui donne désormais les coudées franches.
En Côte d’Ivoire, comme par le passé au Cameroun, il surfe sur la vague infrastructurelle qu’exige l’organisation de la plus grande compétition sportive africaine. Le constructeur bâtit ou réhabilite les stades de Bouaké et Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Il en est de même de l’enceinte de Boké, en Guinée, qui devait, en principe, accueillir la compétition en 2025.
Un carnet de commandes plein
Ces deux pays, ainsi que l’Angola et le Mozambique, ont contribué à 66 % du chiffre d’affaires de sa branche africaine au cours des deux derniers exercices. Lequel a crû de 44 % en deux ans – seule l’entité sud-américaine, avec une croissance de 145 %, a fait mieux –, pour se situer à pratiquement 1,2 milliard d’euros, soit le tiers du revenu global du groupe. En outre, les marchés ivoirien, angolais, sud-africain, ougandais et rwandais sont particulièrement dynamiques avec une progression annuelle de 50 %.
L’Afrique représente aujourd’hui la moitié du carnet de commandes du groupe, qui a d’ailleurs bondi de 66 % sur un an, à 12,6 milliards d’euros l’année dernière. Une place qui prendra encore de l’ampleur dans les revenus du groupe, lesquels sont appelés, selon les prévisions de Mota-Engil, à croître de 20 % cette année.
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