Kaïs Saïed, l’UE et les migrants ne sont pas dans le même bateau…

Accusé de racisme après des propos xénophobes tenus envers les migrants subsahariens, le président tunisien a accepté la proposition européenne de contrôle des routes migratoires en échange d’aide économique.

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Publié le 22 juillet 2023 Lecture : 2 minutes.

« Nous sommes fiers de notre identité africaine. Mais nous refusons d’être une terre de transit ou une terre d’accueil » : le 14 juillet dernier, en une seule déclaration, le président tunisien a tenté, tout à la fois, de tordre le cou à une accusation et d’éloigner une tentation…

L’accusation est celle de racisme anti-Noirs. Une mise à l’index qui plane sur le pays de Kaïs Saïed ces dernières semaines, notamment depuis qu’à la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien, le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de la ville de Sfax avant d’être transférés vers des zones inhospitalières près de la Libye, à l’est, et de l’Algérie, à l’ouest, sans eau, ni nourriture ni abris, en plein désert.

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« Nous sommes des Africains », réaffirme aujourd’hui Kaïs Saïed, comme s’il était accusé d’afrophobie… Quand à la tentation, que le chef de l’État essaie de chasser, c’est celle de l’Union européenne (UE) d’utiliser le territoire tunisien comme un espace – temporaire ou définitif – de régulation de l’immigration clandestine.

Selon l’agence européenne de surveillance des frontières et des côtes, Frontex, la Méditerranée centrale constitue actuellement la principale voie d’entrée sur le Vieux continent des migrants illégaux. Pour le président tunisien, « cette immigration est encadrée par des réseaux criminels de trafic d’êtres humains et d’organes qui visent non seulement à s’enrichir, mais aussi à déstabiliser le pays ».

Pressions de l’Union européenne

Ces dernières semaines, plusieurs responsables sont venus dans le pays défendre l’idée d’un partenariat entre la Tunisie et l’Europe, sur cette question précise des mouvements de populations : la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte (démissionnaire) et la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, ainsi que les ministres de l’Intérieur français et allemand, Gérald Darmanin et Nancy Faeser.

Lors de ces visites politiques de haut niveau, il fut question tantôt de contrôle des flux migratoires et de « partenariat stratégique complet » pour une « prospérité partagée », et tantôt de macro-économie, de commerce, de transition énergétique ou encore de… « rapprochement entre les peuples ». Pour plusieurs ONG, ce jargon diplomatique tente de lisser l’image d’une politique tunisienne ultra-sécuritaire en matière d’immigration. Un choix résultant aussi des lourdes pressions exercées par l’Union européenne, en échange de contreparties financières.

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