P&ID contre le Nigeria : les enjeux hors normes d’une affaire d’État
Une amende record de 11 milliards de dollars prononcée par un tribunal d’arbitrage en faveur d’une sulfureuse société offshore pourrait dévaster la première économie d’Afrique.
Le 18 mai 2015, Diezani Alison-Madueke adresse une note classée « secret » au président nigérian, Goodluck Jonathan, à quelques jours de sa passation de pouvoir. Celle qui est alors ministre du Pétrole y propose de mettre fin à un litige encore inconnu du grand public. Voilà déjà près de trois ans que Process & Industrial Developments (P&ID), une toute jeune société constituée aux îles Vierges britanniques, poursuit l’État devant un tribunal d’arbitrage situé à Londres pour rupture d’un contrat gazier, réclamant 6 milliards de dollars de dommages.
Dans la note, que Jeune Afrique a pu consulter, la ministre conseille à Goodluck Jonathan de régler le contentieux à l’amiable, en versant à l’entreprise, comme celle-ci le demande, 850 millions de dollars. L’argent doit provenir de la NNPC, la société nationale pétrolière. « Bien que les demandes de P&ID paraissent scandaleuses, le gouvernement ne dispose que d’arguments très faibles pour se défendre dans ce dossier, » avance Alison-Madueke. Le président sortant rend sa décision le 25 mai : « Je ne peux pas autoriser au moment présent. Veuillez soumettre à l’examen du gouvernement entrant. »
Une amende « injustifiable »
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