Charles Mba : « Pourquoi je reviens aux côtés d’Ali Bongo Ondimba »

Exilé pendant près de sept ans après avoir démissionné du parti au pouvoir pour soutenir Jean Ping, l’ancien ministre du Budget a accepté le poste de haut-commissaire de la présidence. Un revirement qu’il explique à Jeune Afrique.

Charles M’BA Montage JA © TV5 Monde

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Publié le 22 juillet 2023 Lecture : 3 minutes.

L’ACTU VUE PAR – Nommé le 3 juillet haut-commissaire auprès de la présidence par Ali Bongo Ondimba, cet ancien ministre du Budget revient ainsi dans le giron du pouvoir après avoir démissionné en août 2016 du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), rejoint l’Union nationale (opposition), où se trouvait déjà l’un de ses mentors, feu Casimir Oyé Mba, soutenu Jean Ping lors de la présidentielle qui s’est ensuivie… Avant de s’exiler en France au plus fort de la contestation des résultats. Il est à la tête du think-tank Pour le Gabon, lancé avec de jeunes cadres de la diaspora.

Jeune Afrique : À la surprise générale, vous avez été nommé le 3 juillet dernier haut-commissaire de la République. Comment est-ce arrivé ?

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Charles Mba : Le 26 juin 2022, et à son invitation, j’ai eu l’honneur d’être longuement reçu par le président Ali Bongo Ondimba à Libreville. Au terme de cette rencontre, j’ai eu l’occasion de dire que le chef de l’État était soucieux du développement du pays et j’entends par là l’amélioration des conditions matérielles et morales de vie de nos compatriotes. J’ai même précisé qu’il s’agissait là d’un projet pour lequel j’étais disponible. Enfin, j’ai redit ma conviction que la main tendue était toujours une bonne chose, notamment dans un contexte de crispation politique. C’est vous dire que j’accueille avec gravité, humilité et reconnaissance cette nomination, qui s’inscrit dans la logique d’ouverture que le président a initiée depuis quelques mois. Je crois que cet état d’esprit était et demeure nécessaire.

Intégrer le haut-commissariat correspond-il à un retour au sein du Parti démocratique gabonais ?

Cette question n’a pas été abordée lors de mon échange avec le président de la République, à qui je réserverai ma décision. Pour le moment, Ali Bongo Ondimba a considéré que, dans le contexte actuel de raidissement politique et cependant de nécessaire mobilisation des énergies, je pouvais, avec d’autres personnalités, lui apporter des avis et recommandations utiles à l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. En homme de parole et d’action, j’ai tout simplement donné mon accord et c’est la tâche à laquelle je vais m’atteler, aux côtés du haut-commissaire général de la République, Michel Essonghe, et de mes autres futurs collègues.

Ce retour s’effectue à quelques semaines de l’élection présidentielle. Est-ce fortuit ?

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C’est au cours de l’unique conseil des ministres de la tournée républicaine du chef de l’État que j’ai été nommé, et à Oyem [sa ville d’origine, NDLR] ! Cela reste pour moi un symbole fort dont je me sens particulièrement honoré. Cette double marque de considération m’oblige et je lui apporte évidemment mon soutien.

Pour quelles raisons vous êtes-vous rallié ?

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Par tempérament, je suis un homme de réflexion. Cependant, je refuse de me complaire dans la critique sans agir. Agir collectivement, c’est encore mieux. Nous avons besoin de nous rassembler pour travailler efficacement. Les défis de la mondialisation, de la pauvreté, de l’emploi, des changements climatiques, des transitions technologiques et énergétiques demandent que nous soyons rassemblés et non pas dispersés, éparpillés. Afin de mieux les affronter et les relever.

Cette nouvelle mission que m’assigne Ali Bongo Ondimba représente l’occasion de participer à la consolidation du socle commun, par la réflexion et la perspective réelle de l’action constructive. Bien que ce soit aussi une affaire de personne, c’est d’abord une affaire de destin collectif. Je l’ai acceptée et je vais m’y engager pleinement dès mon entrée prochaine en fonctions.

Depuis 2016, vous avez vécu une sorte d’exil en France. Quel est votre sentiment au moment de rentrer au pays ?

J’ai quitté le Gabon en septembre 2016 dans des conditions particulières et je n’y suis pas revenu jusqu’au 26 juin 2022, soit près de sept ans après. C’est une forme d’exil qui, de fait, m’a éloigné des miens, de ma terre et de mon pays. Je ne le souhaite à personne et je sais que d’autres Gabonais sont aujourd’hui encore dans la même situation. Au moment de rentrer, je ne pense qu’à être utile à mon pays et apaisé à l’idée de retrouver ma terre et les miens.

Votre décision suscite des critiques de la part de ceux qui restent dans l’opposition. Ils vous accusent d’avoir fait un choix opportuniste. Que leur répondez-vous ?

Je n’entends pas polémiquer avec ceux qui critiquent ma position. Je suis profondément attaché au respect de la liberté d’expression de chacun et je crois avoir été un compagnon de lutte digne, actif, fidèle et loyal à la cause que nous portions ensemble. Je souhaite juste que l’on respecte une décision prise en conscience et que j’assume pleinement.

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