Les Lionnes de l’Atlas à la conquête de la Coupe du monde
La sélection nationale du Maroc participe pour la première fois à la phase finale d’une Coupe du monde de football féminin, avec un premier match ce 24 juillet. Elle est aussi la première sélection nord-africaine à s’être qualifiée.
Jusqu’à présent, seules des sélections d’Afrique subsaharienne étaient parvenues à concourir lors de la Coupe du monde féminine de football : le Nigeria, qui n’a jamais manqué une phase finale depuis la première édition en Chine en 1991, le Ghana, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et la Guinée équatoriale. La compétition, qui se déroule tous les quatre ans, a vu pour cette édition 2023 son format évoluer, passant de 12 sélections à 32. Cette année, aux côtés de l’Afrique du Sud et du Nigeria, deux nouvelles nations africaines effectuent leurs débuts à ce niveau, la Zambie et le Maroc.
Les Lionnes de l’Atlas se sont qualifiées grâce à la seconde place obtenue lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), organisée en juillet 2022 par le royaume. Une qualification pour le Mondial faisait partie des objectifs fixés par Fouzi Lekjaâ, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF).
Pour l’atteindre, il avait nommé en novembre 2020 au poste de sélectionneur l’ancien international français Reynald Pedros (51 ans), qui avait auparavant entraîné l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais (OL), considérée comme l’une des meilleures du monde. Arrivé avec un salaire très attractif, le Français s’est installé à Rabat, ce qui lui permet de suivre le championnat local.
« Un mélange qui fonctionne bien »
Comme son homologue Walid Regragui, le sélectionneur des Lions de l’Atlas, Pedros a intégré dans son effectif des joueuses nées au Maroc, mais également des binationales. Dans la première catégorie, on retrouve essentiellement des footballeuses sous contrat avec le club de l’armée de l’AS FAR Rabat, le meilleur du pays, dont l’emblématique capitaine, Ghizlane Chebbak, la gardienne Khadija Er-Rmichi, ou encore Zineb Redouani et Najat Badri. Dans la seconde catégorie, on compte des binationales nées en France (Élodie Nakkach, Sazbah Seghir, Kenza Chapelle), en Angleterre (Rosella Ayane), en Espagne (Yasmin Mrabet), ainsi qu’aux Pays-Bas (Rkia Mazrouai).
« Il y a un mélange qui fonctionne bien. Les joueuses viennent de différentes catégories sociales, certaines sont nées au Maroc et d’autres en Europe, elles viennent porter le maillot de leur pays d’origine, car les conditions de travail en sélection sont bonnes, et le public marocain s’identifie bien à cette sélection », explique le chroniqueur sportif Nassim El Kerf. « Lors de la CAN 2022, les Marocains ont fait preuve d’un réel intérêt pour leur sélection », estime-t-il, se souvenant « avoir assisté à un match des Lionnes dans un café uniquement fréquenté par des hommes, et la très grande majorité suivait la rencontre avec beaucoup d’intérêt ».
Si la cote de popularité de la sélection féminine est évidemment encore loin d’atteindre celle des Lions de l’Atlas, de plus en plus de Marocains s’intéressent aux performances des coéquipières de Ghizlane Chebbak. « Même s’il y a encore des gens qui n’acceptent pas que des filles puissent faire du football, les mentalités évoluent. Et si les Marocaines font une bonne Coupe du monde, cela servira encore plus cette cause », constate Zayneb Amine Zaouli, présidente du club du Tihad Athletic Sport (TAS) Casablanca, et dont la mère, Samira Zaouli (décédée en 2015), occupa le même poste et compta parmi les grandes militantes de la pratique du football par les femmes au Maroc.
Une priorité pour la fédération
La réussite de la sélection marocaine, dont l’objectif, selon Reynald Pedros, sera d’atteindre le second tour, « n’est pas un hasard », estime Zayneb Amine Zaouli. « Depuis des années, le football féminin est devenu l’une des priorités du président de la fédération, qui a mis en place un vrai “plan Marshall”. Les championnats de D1 et D2 sont professionnels, Fouzi Lekjaâ veut que les clubs se dotent d’une section féminine. Certains d’entre eux qui misent également sur la formation. On constate aussi qu’au Maroc, de plus en plus de filles qui veulent jouer au football. Les résultats de la sélection en sont une des causes », intervient
Avec la mise en place d’un championnat professionnel, une CAN 2022 bien organisée et une qualification pour la Coupe du monde, le football féminin marocain est aujourd’hui l’un des mieux structurés du continent, avec celui de l’Afrique du Sud, même si de grosses différences de moyens existent entre certains clubs. « Fouzi Lekjaâ a remporté une partie de son pari. Il a fait du foot féminin l’une de ses priorités, et ce, avec le soutien du roi Mohammed VI, dont il est l’un des ministres [délégué au Budget] », ajoute Nassim El Kerf.
Au Maroc, les plus optimistes n’hésitent pas à imaginer pour les Lionnes un destin comparable à celui des joueurs de Walid Regragui au Qatar, où ils avaient atteint les demi-finales avant de s’incliner face à la France (2-0). Le premier match face à l’Allemagne, ce 24 juillet, à un horaire certes inhabituel (9 h 30 au Maroc), devrait malgré tout être largement regardé à la télévision.
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