Le bac en Algérie, première porte de sortie vers l’étranger
Cette année, le taux de réussite au baccalauréat dans le pays dépasse légèrement les 50 %. Pour les diplômés, c’est souvent le sésame pour un départ à l’étranger. Et si la France reste la destination privilégiée, l’Amérique du Nord se montre de plus en plus accueillante.
Chaque année, à la mi-juillet, les mêmes scènes de joie et de peine se répètent. Des lycéens stressés et des parents angoissés attendent fiévreusement que tombent les résultats de l’examen du baccalauréat sur le site internet de l’Office national des examens et concours (Onec) ou que les listes des lauréats soient affichées dans les lycées. Youyous, feux d’artifice et fumigènes jusque tard dans cette soirée pour ceux et celles qui l’ont décroché. En Algérie, toute occasion de faire la fête est bonne à prendre. Silence, remords et tristesse pour ceux qui ont échoué à franchir ce cap important de la vie scolaire.
Cette année, 260 948 candidats ont obtenu le fameux sésame sur les 515 414 qui se sont présentés aux épreuves, dans six filières, à savoir : science de la nature et de la vie, mathématiques, mathématiques techniques, gestion et économie, langues étrangères et philosophie. Le taux de réussite global officiellement annoncé est de 50,63 %. C’est le taux le plus bas depuis l’année 2016, car cette année 2023, la moyenne d’admission a été fixée à 10 sur 20. Elle était de 9 en 2020 et de 9,5 en 2021 et 2022. À titre de comparaison, en France, 718 000 candidats ont passé le bac pour un taux de réussite de 90,09 %.
En Algérie, l’annonce des résultats du bac est une journée à marquer d’une pierre blanche pour des milliers d’élèves dont le destin bascule en quelques secondes. En général, pour cette mémorable occasion, toute la famille, des grands parents aux petits frères et sœurs, est là pour partager les larmes de joie ou de peine des candidats, leurs moments de liesse, d’abattement ou de tristesse. Et pour cause, la réussite ouvre l’horizon en grand quand l’échec l’assombrit brutalement.
Investissement des familles
Le résultat vient couronner ou sanctionner des années d’efforts et de sacrifices de la part des familles, qui s’investissent beaucoup dans la réussite de leur enfant. Cours particuliers, suivi psychologique, soutien moral… les parents font tout pour que leur enfant décroche le fameux sésame car en dehors du bac, point de salut. Les centres d’apprentissage et de formation professionnelle offrent peu de débouchés et la vie active ne mène en général que vers le commerce des fruits et légumes sur le bord des routes.
Pour les organisateurs, l’examen du bac est aussi une opération lourde, qui demande une logistique pesante et nécessite l’intervention et l’implication de plusieurs ministères et organismes d’État. Le Commandement de la Gendarmerie nationale est chargé de la mise en place de l’impressionnant dispositif spécial de sécurisation des épreuves. Depuis les fameuses fuites massives de sujets du bac en 2016, la triche est devenue la grande hantise du gouvernement.
Des poursuites pénales et des peines de prison sont désormais applicables en cas de fraude ou de fuite de sujets. Cette année, une cellule de veille et de suivi comprenant le directeur de l’éducation, le chef de la sûreté de wilaya, le commandant du groupement territorial de la Gendarmerie nationale, le chef du service régional de la sécurité intérieure et toute autre personne concernée par cette question a été mise en place au niveau de chaque cour de justice, sous la présidence du procureur général. On ne plaisante pas avec le bac.
Diplôme en poche, les étudiants ont le choix de s’inscrire dans l’une des 54 universités ou centres universitaires du pays ou encore de rejoindre l’une des ses 49 écoles supérieures. Pour l’année universitaire 2022-2023, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique révélait le chiffre de 1 700 000 étudiants sur les bancs des différents établissements universitaires du pays, dont 333 000 nouveaux inscrits parmi les bacheliers de l’année.
Visa pour la France
Beaucoup de ces étudiants ne rêvent que d’une chose, décrocher un visa pour la France afin d’y poursuivre des études supérieures. Au 31 août 2022, plus de 5 000 visas ont été délivrés par les différents consulats de France en Algérie. L’Institut français d’Algérie se propose d’aider et d’accompagner les étudiants algériens pour faire leurs études en France dès la réception d’une réponse favorable d’une université française.
Deuxième destination préférée des Algériens, le Canada attire beaucoup de jeunes algériens avec ou sans diplôme. Cet immense pays francophone, peu peuplé et en mal de main d’œuvre, offre en 2023 une vingtaine de bourses internationales pour les étudiants algériens souhaitant y suivre des études supérieures. Ainsi, chaque année, des entreprises, des fondations et des universités canadiennes offrent aux étudiants algériens, étrangers et canadiens d’importantes aides financières pour pouvoir faire des études universitaires gratuitement. Malgré l’éloignement, ils sont chaque année des centaines à s’y installer définitivement.
Autre possibilité pour les étudiants algériens : les États-Unis. L’Ambassade américaine en Algérie a, d’ailleurs, été parmi les premiers à féliciter tous les lycéens qui ont réussi l’examen du bac. Les services de l’ambassade ont invité tous ceux qui souhaitent étudier aux États-Unis à prendre rendez-vous gratuitement avec leur consultant, en leur fournissant un lien pour faciliter le processus.
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