Gorée se remet douloureusement du décès de Joseph Ndiaye

APA – Dakar (Sénégal) – L’Ile de Gorée fonctionne au ralenti depuis le décès, à l’âge de 87 ans, vendredi à Dakar, du conservateur de la Maison des esclaves située sur cette île distante de 3 km aux larges de la capitale sénégalaise, Boubacar Joseph Ndiaye, a constaté, dimanche, APA.

Publié le 8 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Samedi matin, hommes, femmes et jeunes ont quitté très tôt l’île par la chaloupe pour la ville, pour accompagner l’illustre disparu à sa dernière demeure. « C’est une icône qui vient de disparaître. Boubacar Joseph Ndiaye était devenu une part entière de Gorée. Il était devenu indissociable de la Maison des esclaves. Les gens s’y rendaient autant pour visiter les lieux, mais pour écouter les propos qu’il tenait aussi », confie Oumar Sy, résidant de l’île. Plus que quiconque, Gorée doit sa renommée de lieu de mémoire à l’action résolue de Boubacar Joseph Ndiaye, qui a contribué avec passion à faire connaître l’histoire singulière de cette île. Gorée a été inscrite en 1978 au Patrimoine mondial de l’UNESCO, en partie grâce à lui. Depuis qu’il a été engagé en 1962 par l’Etat sénégalais comme conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, Joseph Ndiaye, qui a été inhumé samedi à Dakar, n’a jamais cessé de conter aux nombreux visiteurs, comme jamais personne n’a su le faire, l’enfer quotidien des esclaves détenus dans cette île avant d’être expédiés en Amérique. Au service d’anonymes, de célébrités, de chefs d’Etat, de têtes couronnées de toutes sortes et de tous les pays, il a usé de la pédagogie et de l’émotion des lieux pour asseoir la part de mémoire de ces lieux. Il n’a aussi jamais cessé de convaincre, grâce à cette foi inébranlable qu’il avait d’une histoire à laquelle il s’était finalement identifié, pour incarner finalement toute la symbolique liée à cette île, dont il faisait partie du décor. Depuis son décès, la plage est pratiquement déserte. Les guides se tournent les pouces. Le service d’accueil et d’informations, ainsi que la Maison des esclaves fermée sont fermés. La mairie est désertée. Tout fonctionne au ralenti en cette pleine saison touristique. La maison du défunt, bien que fermée, mobilise toutes les attentions. Les gens viennent devant comme s’ils se recueillaient, tandis que d’autres la mitraillaient avec leurs objectifs. Sur l’île, où règne habituellement, le week-end, l’ambiance des grands jours, flotte une ambiance de deuil. Informés sur le tard de la disparition du conservateur de la Maison des esclaves, certains touristes et visiteurs sont pris au dépourvu. « Nous sommes venus de Mboro avec nos élèves. Cette sortie a été programmée depuis des mois. C’est avec tristesse que nous avons appris la nouvelle. C’est la première fois que je viens à Gorée et j’aurais voulu rencontrer le doyen Joseph Ndiaye pour qu’il puisse parler aux enfants. C’est tout un pan de l’histoire de Gorée qui s’en va avec lui », regrette El hadj Faye, instituteur dans le village de Darou Khoudoss (centre du pays) à l’école élémentaire de Tanhim, rencontré samedi matin sur l’île.

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