En Algérie, les incendies réveillent le souvenir de l’été 2021
Les violents incendies qui touchent plusieurs régions du nord du pays ont déjà fait au moins 34 morts. Les Algériens qui suffoquent sous la canicule redoutent de nouveaux drames comparables à ceux du terrible été 2021.
Les Algériens revivent le cauchemar des feux de forêts de l’été 2021. Au moins 34 personnes, dont dix militaires, ont péri dans des incendies dans plusieurs wilayas (départements) dans la nuit de dimanche 23 au lundi 24 juillet, selon un bilan établi par le ministère de l’Intérieur. Les feux de forêts d’une extrême violence ont principalement touché les départements de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira et Jijel.
Dans un communiqué publié le 24 juillet, le ministère de la Défense indique que dix militaires appartenant au détachement de Beni Ksila, sur la côte ouest de Béjaïa, ont trouvé la mort après avoir été encerclés par des flammes. Dans cette même localité, sept personnes sont également décédées. La direction de la santé de la wilaya de Béjaïa avait indiqué dans la journée que 22 personnes ont péri suite à ces incendies qui étaient toujours en cours dans la soirée du lundi. Le bilan des victimes pourrait s’alourdir dans les prochaines heures.
Six wilayas touchées
L’Algérie traverse depuis le début du mois de juillet un épisode caniculaire sans précédent au cours duquel des pics de chaleur ont atteint dans certaines villes plus de 50 degrés. Entre le 23 et le 24 juillet, plus de 97 départs de feux ont été enregistrés par les autorités. Des images partagées sur les réseaux montrent l’ampleur de ces feux ainsi que les dégâts occasionnés aux habitations, aux bétails ainsi qu’à l’environnement.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que quelque 7 500 agents et 350 camions, toutes capacités confondues, ont été mobilisés sur le terrain, appuyés par des moyens aériens anti-incendie, ce qui a permis de venir à bout de la plupart de ces feux. Ces opérations « se poursuivent dans six wilayas : Boumerdès, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel et Skikda, avec la mobilisation de 13 colonnes mobiles et 3 050 agents, qui ont été appuyés, lundi matin, par 12 colonnes mobiles et 1 200 agents supplémentaires », a encore précisé le ministère. Et 12 appareils aériens anti-incendie sont toujours déployés dans ces six wilayas, notamment des hélicoptères des forces aériennes de l’armée, y compris un « avion anti-incendie de grande capacité ».
Ces incendies et le nombre déjà important des victimes ont ravivé les douloureux souvenirs des feux de forêts qui ont principalement touché la Kabylie en août 2021, faisant prés de 100 morts. À l’époque, le gouvernement avait annoncé une opération d’acquisition d’avions Canadair pour faire face à ces incendies. Une commande de quatre bombardiers d’eau a été passée à la Russie mais leur livraison a été retardée par les « répercussions de la crise en Ukraine », selon les explications du ministère algérien de l’Intérieur.
Polémiques sur les réseaux sociaux
À la fin du mois d’avril, le président Tebboune a ordonné l’acquisition de six avions bombardiers d’eau de taille moyenne. Dans l’attente de leur arrivée, le ministère de l’Intérieur a fait état de l’achat imminent d’un bombardier d’eau et la location de six autres en Amérique du Sud.
La lenteur d’acquisition de ces appareils, ainsi que l’ampleur des incendies et le bilan effroyable des victimes ont suscité de vives polémiques sur les réseaux sociaux devenus l’un des rares espaces d’expressions libres en Algérie. Les internautes reprochent aux autorités de ne pas avoir tenu l’engagement de doter le pays de moyens conséquents et efficaces pour lutter contre ces incendies qui touchent chaque été les régions du nord.
« Les avionneurs canadiens ont proposé un délai de deux ans, jugé long par les acquéreurs algériens », avance le journaliste Lyas Hallas sur sa page Facebook. « Ils ont alors opté pour les Beriev russes dont les moteurs sont fabriqués en Ukraine. Puis la guerre a éclaté. On n’a eu qu’un seul bombardier d’eau sur les quatre commandés. »
Les Algériens reprochent également au gouvernement et aux autorités locales l’absence d’anticipation et le manque de prévention face aux risques de ces incendies plutôt prévisibles en raison de la sécheresse qui sévit dans le pays depuis plusieurs mois. Ils les accusent aussi de ne pas avoir suffisamment tiré les leçons des feux de forêts des étés de 2020 et 2021.
(Avec AFP)
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