À Tunis, l’opposition manifeste deux ans après le coup de force du président Saïed
Les opposants au président Saïed ont célébré cet anniversaire en dénonçant « un coup d’État ». Quand Amnesty International parle d’ « accaparement du pouvoir ».
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Tunis, le 25 juillet, contre le coup de force du président Kaïs Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, réclamant la libération de plus de 20 opposants et personnalités emprisonnés depuis février.
« À bas le coup d’État », « Liberté pour tous (les opposants) emprisonnés », ont scandé environ 300 manifestants rassemblés à Tunis à l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, dont fait partie le parti islamo-conservateur Ennahdha, bête noire du président Saïed.
Bain de foule
En fin d’après-midi, le chef de l’État s’est offert un bain de foule sur un marché d’un quartier populaire, dans la médina de Tunis et sur l’avenue Bourguiba, théâtre de la manifestation des opposants qu’il n’a pas du tout évoquée. Interpellé par des commerçants sur de multiples coupures d’eau et d’électricité ces dernières semaines, il a répondu que c’était dû à une vague de « chaleur exceptionnelle cet été ».
Bravant les 45 degrés qui écrasaient Tunis le 25 juillet, le président du FSN, Ahmed Néjib Chebbi, 78 ans, a dénoncé devant la foule d’opposants « l’échec total » du président Saïed à gérer le pays, cause selon lui d’une aggravation de la crise financière que connaît la Tunisie. Très endettée (environ 80% du PIB), souffrant d’une inflation très forte et d’un chômage endémique, la Tunisie est à la recherche d’aides extérieures pour boucler son budget.
Privation de droits élémentaires
L’opposition organise régulièrement des manifestations contre la « dérive autoritaire » du président tunisien depuis ce qu’elle qualifie de « coup d’État » du 25 juillet 2021, quand il a gelé le Parlement et limogé son Premier ministre. Cette mobilisation n’a pas cessé, même après une vague d’arrestations lancée en février, qui a visé des dirigeants politiques de premier plan, parmi lequel le chef d’Ennahdha et ex-président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi.
Des hommes d’affaires ont aussi été emprisonnés ainsi que le directeur de Radio Mosaïque, Noureddine Boutar, libéré sous caution depuis. Deux figures de l’opposition, Chaima Issa et Lazhar Akremi, ont été récemment remises en liberté. Mais tous continuent de faire l’objet d’enquêtes judiciaires. La plupart sont poursuivis pour « complot contre la sûreté de l’État » et ont été qualifiés de « terroristes » par le président Saïed.
« Depuis l’accaparement du pouvoir par le président, les autorités ont poursuivi sur la voie de la répression en emprisonnant des dizaines d’opposants politiques et de détracteurs du régime, bafoué l’indépendance du pouvoir judiciaire (et) supprimé des garanties institutionnelles en matière de droits humains », a rappelé Amnesty International. Selon l’ONG, le président Saïed « a privé les Tunisiens de droits élémentaires qu’ils avaient obtenus de haute lutte (lors de la révolution démocratique de 2011) et alimenté un climat de répression et d’impunité ».
(Avec AFP)
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